mercredi 19 octobre 2011

Liste des trois mille de l'Anuario de Montañeros de Aragón (1968).

Dans le livre de Juan Buyse "Les trois mille des Pyrénées" on trouve un résumé des listes précédentes. Parmi celles-ci, l'auteur est stupéfait de trouver une liste, publiée par Montañeros de Aragón en 1968, dont l’inventaire des sommets est, pour le moins, surprenant. Nous avons analysé d'où vient la surprise de Buyse (voir : liste d'Almarza). Alberto Martínez Embid a eu la gentillesse de nous fournir la copie de la dite publication. Nous pensons ne pas abuser de sa confiance en la reproduisant ici.

En examinant cet état, n'oublions pas qu’il date de 1968, il n'est pas étonnant que Buyse reste pantois et qu'il l’exprime : "Il est facile d'imaginer le nombre d'interrogations que formulera le lecteur à la vue de si grandes absurdités. Remarquons que de cette publication jusqu'à aujourd'hui, 22 ans se sont écoulés seulement. Y aura-t-il une erreur dans la date de publication ?" (Edition de 1990).

Il n'y a pas d'erreur dans la date de publication : Bulletin nº 4 de Montañeros de Aragón, mais oui dans l’élaboration supposée par Buyse, puisque c’est une copie de la liste d'Almarza de 1932. Celui qui fit le calque ne tint pas compte que la liste d'Almarza était limitée seulement aux trois mille aragonais et l’étendit à toutes les Pyrénées. Ajoutons que le catalogue des sommets, qui était acceptable en 1932, ne l’est plus du tout en 1968. Buyse, bien qu’en doutant, donna pour bonne la date de la liste. A ce propos, Montañeros de Aragón, avec toute l'équipe, donna tête baissée dans l'erreur.

Liste des trois mille publiée par Montañeros de Aragón en 1968.


FTer

vendredi 9 septembre 2011

Les trois mille fantômes. Campbieil Sud-sud-ouest ou Pic Lentilla.

Le pic Campbieil (3173m) est l'un des trois mille les plus faciles à atteindre. Robert Ollivier signale qu'on pourrait y arriver à dos d'âne. Son sommet spacieux est l'un des meilleurs belvédères pyrénéens. Il est peu probable que le capitaine Loupot ait réussi à être le premier sur la cime pendant sa campagne topographique en 1848, mais c’est la première ascension documentée. L'extrémité sud offre une élévation secondaire surplombant trois vallées : de Cap de Long, de Piau-Engaly et de Campbieil. Dans cette extrémité-ci se joignent les crêtes de Lentilla et celle qui provient de la Hourquette de Cap de Long. Elle se nomme Pic Lentilla ou Campbieil Sud-Sud-Ouest. Nous apprenons dans l'œuvre récente de Pascal Ravier "L'aventure du Neouvielle" que les lentilles sont des vesces, vicia pyrenaica, plantes qui abondent sur le versant de Gèdre.

L'histoire de ce point, considéré comme sommet de trois mille, semble s'effacer comme un cours d'eau souterrain, pour reparaître sans une explication convaincante. Tel, le nom du sommet principal qui balance entre Campbieil et Badet. Remarquer qu’il se passe la même chose pour le proche Pic Badet. En plus, la Commission de Topographie et de Toponymie de la Fédération de Sociétés Pyrénéistes plaidait pour l'utilisation du nom de Camp Biélh en 1927.

Dans le "Guide des Pyrénées Centrales. Vol III" de Robert Ollivier on signale déjà ce sommet Sud du Campbieil sans aucune altitude. Il est cité dans la liste de trois mille de Sabino Echeandia en 1975, parue dans la revue "Pyrenayca" comme Lentilla, 3066m. Il est mentionné dans la deuxième liste de J.M.Feliu en 1978 avec le nom Lentille et 3156m. Il ne figure pas dans la liste de Jolfre dans la "Revue Pyrénéenne" en 1980. Buyse signale une cime Lentilla déjà dans sa première liste en 1986 dans la revue "Muntanya", mais lui attribue une altitude de 3044m prise sur la carte de l'IGN français, la mettant donc en pleine arête Lentilla. Sa présence continue dans la liste publiée dans la revue "Pyrénées" en 1988 et dans son premier livre en castillan et en français, déjà avec le nom de Campbieil Sud-Sud Ouest, 3175m.

Campbieil SSW ou Lentilla depuis le sommet du Pic Campbieil (Auteur : Jesús Mari Linaza)


Et alors, surprise, dans la troisième édition du livre de Buyse, il a disparu de la liste : l'auteur l’explique par son manque de proéminence par rapport au sommet principal du Campbieil. Il est relégué dans la liste des cotes restantes avec le numéro 1049. L'œuvre de Miquel Angulo "Pyrénées. 1000 Ascensions. Vol III" approuve cette disparition en 1996. Miquel Capdevila n'est pas d'accord et s’en fait l’écho dans son livre "Los tresmiles en 30 jornadas" de 1997, où il maintient ce sommet. En 2004 est publié par les éditions Desnivel un livre, œuvre de Lluís Borràs, dont le titre "Tresmiles de los Pirineos. Guía práctica. 213 cumbres / Fichas técnicas" laisse entendre que le nombre des trois mille de Buyse, 212, a été augmenté d’un. Effectivement, le Campbieil Sud-Sud-Ouest reparaît : D’où le numéro 213 pour énumérer les cimes de trois mille mètres dans les Pyrénées et qui a surpris tellement de pyrénéistes. Luis Alejos dans son "Guia de los 3000" continue de le citer comme antécime du Campbieil.

Pic Campbieil depuis Lentilla (Auteur : Jesús Mari Linaza)


Le 18 août 2010, Jesús Mari Linaza, mesure avec GPS la proéminence du Campbieil SSW trouvant une valeur de 18 mètres, et une altitude au sommet de 3165m.

Consultez l'activité dans le lien suivant :
Campbieil SSW ou Lentilla.

Données techniques :

Campbieil...... 31T x:264527 y:4741943 z:3182m
Col............ 31T x:264333 y:4741723 z:3147m
Lentilla....... 31T x:264302 y:4741609 z:3165m

La cartographie de l'IGN français signale cette cote avec une altitude 3157m.

FTer

mercredi 10 août 2011

Hipólito Maeso Rueda.

Le chiffre magique et capricieux des 3000 mètres a fait que beaucoup d’alpinistes, envoûtés par la Chaîne Pyrénéenne, aient eu l’initiative d’atteindre tous ses sommets au-dessus cette altitude ronde. Des listes de sommets, il y en a eu beaucoup depuis le début du pyrénéisme. Mais aujourd’hui, en plus de la liste du Centre Excursionista de Lleida, il existe la liste des 212 trois mille de Buyse, qu’avec le groupe des “Chasse-fantômes” nous essayons de compléter en nous basant sur la seule règle objective proposée depuis sa création par l’équipe: qu’il existe 10 mètres au moins de proéminence. Ainsi, nous pouvons trouver de « nouvelles » pointes ou rejeter celles qui n’ont pas la dite proéminence. Et tout ceci surtout, grâce à la facilité des mesures fournies par les GPS de plus en plus populaires.

Il y a de plus en plus d’alpinistes qui ont réussi l’ascension des sommets au-dessus de trois mille mètres dans les Pyrénées. Déjà certains l’ont fait avec un mérite remarquable : Jordi Farré et Jesús Almarza, du CEL, les atteignaient tous pendant l’année 1998. Marta Alejandre et deux autres alpinistes les ont parcourus durant 52 jours continus entre septembre et octobre 2010.

D’un autre côté, Javier Fernández, un garçon valencien, seulement âgé de 16 ans, en 2005, accomplissait la liste des trois mille. A l’opposé, le « jeune » Lluis Garrofé, de Tartareu (Lérida), est sur le point de terminer la liste du CEL âgé de 80 ans !

Mais cette entrée nous voulons la dédier à l’alpiniste Hipólito Maeso. Ce madrilène de naissance, et pyrénéiste d’adoption, en plus de présenter un curriculum d’ascensions et d’escalades frappantes, a, ce que nous jugeons un exploit difficile d’égaler : faire tous les sommets de la liste des 212 en 34 jours continus d’activité, entièrement à pied et presque tous en solitaire.

Hipólito Maeso fit ces ascensions pendant l’été 1999, précisément l’année qu’il marchait sur ses 50 ans, montrant qu’il n’est pas nécessaire d’aller à des montagnes exotiques pour réaliser des exploits alpinistes de premier ordre. Le récit de son parcours est recueilli dans le livre qu’il a lui même publié en 2001 : « Qué bonitos son los Pirineos », œuvre qui, actuellement, est assez difficile à trouver.

Malheureusement, 5 ans après, en juillet 2004, Hipólito Maeso, à côté de Roberto Vázquez, périssait, après avoir escaladé dans les Alpes, la pointe Dufour. Ils affrontèrent la descente au milieu d’un grand orage et de forts coups de vent qui les emportèrent à jamais.

En plus de rappeler les gestes importants qu’il est encore possible de faire dans les Pyrénées, nous voulons aussi souligner les apports qu’Hipólito fit au long de son parcours pour compléter la liste des trois mille. Ainsi, dans le livre susnommé, nous pouvons signaler diverses notes et commentaires sur les trois mille : il parle des énigmatiques Aiguilles du Clot de la Hount, de sommets qui sont passés sans se rendre compte (ont-ils en réalité les 10 mètres de proéminence ?), sur la non inclusion dans la liste des 212 du Pic Lentilla ou Campbieil SSW, des trois possibles sommets de la Pale de Crabounnouse, du peu de singularité d’une des aiguilles dans la crête du Lézat, des deux pointes de l’Aiguille Argarot (que mentionne déjà la nouvelle carte de l’Editeur Alpina et que les Chasse Fantômes ont vérifié comme nouveau trois mille) ou les doutes sur le sommet réel de l’Aiguille Russell Supérieure.

Couverture du livre écrit par Hipólito Maeso décrivant son parcours pyrénéen.


Quatrième page de couverture de la même œuvre.


Pour nous, sans aucun doute, ce serait un honneur qu’il fît partie de notre groupe de Chasse Fantômes.

Carles

mercredi 3 août 2011

Les trois mille fantômes. Algas Sud-Est.

Le groupe montagneux qui s'élève au-dessus du Balneario de Panticosa a toujours joui d'une toponymie confuse, peut-être en raison des différents aspects qu'offrent les vues depuis Sallent et la station Balnéaire et qui faussent l'identification des cimes. En plus il faut ajouter l'interprétation des noms entendus par les pionniers français pour que la confusion ait régné dans le secteur. Ainsi le Pic Argualas a été nommé : d'Algas, Arollas, Arualas; le Garmo Negro a pris la dénomination de : Arualas, Arnales, Pundillos; et notre pauvre Algas, qui ne se voit pas depus la station Balnéarie mais, en revanche, est le sommet le plus visible depuis Sallent, a probablement recueilli tous les noms cités. En outre, ajoutons l'importante pointe du Pic de la Bandera où l'on commémore l'ascension du Pic Argualas, en plantant un drapeau, lors de la fête de la Vierge du Carmen, le 16 juillet.

Le sommet de l'Argualas, le plus abrupt du groupe, est relié au pic d'Algas par une crête effilée orientée Est-Ouest. Deux cotes intermédiaires y font saillie. La plus proche de l'Algas, et la plus haute des deux, figure dans l'inventaire des cotes restantes de Buyse avec le numéro 1010. Elle est placée à 100 mètres à peu près de l'Algas.

Le 15 août 2007, Joseba Calzada parcourut la crête entre l'Algas Nord et l'Argualas en sa totalité, en prenant les mesures des aiguilles et brèches. Il en résulte que cette cote présente une proéminence de 11,3 mètres vers l'Ouest, côté Algas, et de 21,4 mètres vers l'Est, côté Argualas, sa cote étant selon la mesure GPS, de 3022,7 mètres.

Crête Algas Argualas depuis le versant du Garmo Negro (Auteur : Joseba Calzada)


Détail cartographique de la zone (source : SITAR)


Comme nom nous proposons Algas Sud-Est, étant donné que tel est son emplacement par rapport au pic d'Algas.

On constatera qu'autour du sommet de l'Algas se déploient trois crêtes, et toutes les trois ont une élévation proche du pic. C'est la raison de l'inclusion du nommé Algas Nord entre les cotes secondaires. Il a été vérifié que cette cote nord ne remplit pas avec la règle émise par Buyse des 10 mètres (7,5 mètres de proéminence vers l'Algas). Dans la crête vers l'Argualas, l'Algas Sud-Est que nous signalons ici, et dans la crête Sud-Ouest restante, il y a aussi une cote avec 3007 mètres que nous n'avons pas mesurée et qui semble être près des 10 mètres, c'est la cote restante 1008. Il est étonnant que, des trois satellites autour du Pic Algas on ait choisi pour figurer dans la liste, celui qui a le moins de proéminence : l'Algas Nord.

Signaler aussi que la dénomination préférée dans l'Aragon pour le Pic d'Algas est "Algás".

Consultez l'activité dans le lien suivant :
Algas Sud-Est.

Données techniques:

Algas S.E. :............. 30T x: 723476 y: 4738826 z: 3022,7
Le Servicio de Información Territorial de Aragón signale une altitude de 3013,45 m.

FTer

vendredi 3 juin 2011

Les trois mille de la liste de Chausenque (1854).

Vincent de Chausenque (1782-1869), dans la première moitié du XIXème, influencé par Ramond, accomplit une exploration méthodique des Pyrénées françaises de mer à mer, avec quelques incursions en territoire espagnol quand c'était permis par le hasard des guerres successives. En 1824, dans une tentative au Vignemale, il atteint la Pointe qui, aujourd'hui porte son nom, par la crête depuis le Petit Vignemale, ce qui n'est pas une ascension insignifiante. Ayant faite le plus difficile, ils n'osèrent pas passer à la Pique Longue, par crainte de fouler la glace. Les glaciers, alors inspiraient un profond respect. Première du Néouvielle en 1847.

En 1834, il publie une longue œuvre sur la totalité des Pyrénées. Il fait une actualisation en 1854 dans deux tomes, intitulée : "Les Pyrénées ou voyages pédestres dans toutes les Régions de ces montagnes depuis l'Océan jusqu'à la Méditerranée". Les livres originels peuvent être consultés dans la page web de la Bibliothèque Nationale Française [Tome I.] et [Tome II.].

C'est un fait que Chausenque n'établit aucune liste de trois mille, mais dans les annexes de son livre figure une liste non exhaustive d'altitudes, comprenant villages, cols et sommets. Il y a un nombre considérable de cimes, et parmi celles-ci se détachent quelques trois mille. Une caractéristique est que les altitudes sont exprimées en mètres et en toises et qu'y figure l'auteur de la mesure. C'est par conséquent une compilation magnifique des travaux faits antérieurement par différents spécialistes.

Dans le cas hypothétique où quelqu'un se fût intéressé aux trois mille à l'époque, il n'y a pas de doute qu'il aurait tiré ses objectifs de ce rapport-ci. Relation, d'autre part, qui nous offre une vision très claire de l'état de connaissance des altitudes maximales de la Chaîne au milieu du XIXème siècle, soulignant par ses lacunes tout ce qui restait encore à explorer.

Dans la relation de sommets que l'on trouve en continuant, les altitudes précises obtenues par Peytier appellent l'attention. Le professionnalisme se manifeste là dans le travail géodésique qui sera la base pour l'élaboration de la carte de l'État Major français en la seconde moitié du siècle. Chausenque s'en fait l'écho, remarquant comme mesures les plus exactes celles obtenues par le colonel Corabœuf, le capitaine Peytier et les lieutenants Testu et Hossard, bien qu'il inscrive aussi les altitudes obtenues par d'autres.

Voyons donc quelles étaient les cimes de trois mille mètres recensées vers 1850. Nous reproduisons les entrées du tableau de Chausenque (pages 326 à 332 du deuxième tome) tels qu'il les écrit, en notant les altitudes en mètres et en toises et avec quelque commentaire pour éclairer quelques uns des noms exposés.

Le Mont-Calm3030m1580tCorabœuf 
 3157m1620tReboul 
Pique d'Estats3141m1612tCorabœuf 
 3251m1668tReboul 
Pique Fourcanade ou Maïl d'Espouïs2882m1479tPeytier 
 3058m1569tReboul 
Crête de la Maladette à l'ouest des Pics3171m1627tCharpentierSe rapporte à l'un des Pics Occidentaux de la Maladetta
Pic Occidental, glacier3312m1699tPeytierC'est le Pic de la Maladetta
Pic de Malahitta, glacier3354m1721tPeytierC'est le Pic Maudit
 3483m1787tReboul 
Pic Oriental de Néthou, point culminant3404m1780tPeytier 
 3580m1837tReboul 
 3370m1729tTchihatchef 
Pic de Carbious, vallée de Lys, glacier3177m1630tReboulPic des Crabioules
Tuc de Maupas, glacier3110m1595tPeytier 
 3148m1615tReboul 
Pic Quartau, glacier3143m1613tPeytierC'est le Gourgs-Blancs
Pic Quayrat, glacier3059m1569tPeytier 
 3089m1585tReboul 
Pic Posets ou Pic Poleto, Val d'Astos, glacier3367m1728tPeytier 
 3438m1764tVidal et Reboul 
Perdighero, montagne3220m1652tPeytier 
Pic Pétard3177m1630tPeytierC'est le Grand Batchimale ou Pic Schrader
Pic de Hermitans entre le val de l'Asto et Louron3029m1554tVidal et ReboulMême si le Hermitans a été utilisé aussi pour les Gourgs-Blancs, ici il semble désigner la Pic de Clarabide
Pic de Thou3023m1551tPeytierLe Lustou
Pic de Batoa ou de Biedous, Punta de Souelsa3034m1557tPeytierPic de Batoua. Curieusement la Pointe Suelza est confondue avec ce pic
 3052m1566tVidal et Reboul 
Le Mont-Perdu, glacier3351m1719tPeytier 
 3436m1763tRamond 
Le Cylindre, glacier3322m1704tPeytier 
 3333m1710tRamond 
Pic de la Cascade ou extrémité de la Plateforme, glacier3276m1681tRamondSe rapporte au Pic de Marboré
Le Taillon, glacier3146m1614tPeytier 
 3214m1649tVidal et Reboul 
Montagne de Troumouse, glacier3086m1583tPeytierPeytier se base sur l'actuel pic de Troumouse, point géodésique. Il est possible que Vidal et Reboul désignent le point le plus élevé, La Munia
 3200m1642tVidal et Reboul 
Cambielle, montagne, glacier3174m1628tPeytierPic de Campbieil
 3235m1660tVidal et Reboul
Pic Long, glacier3192m1638tPeytier 
 3251m1668tVidal et Reboul 
Neouvieille, montagne, glacier3091m1586tPeytier 
 3155m1619tVidal et Reboul 
Vignemale, montagne, glacier3298m1692tPeytier 
 3356m1722tVidal et Reboul 
Pic de Badescure ou Costerillou, glacier3148m1615tVidal et ReboulC'est le Balaïtous
Pic de Baretous, glacier3146m1613tPeytierOu Balaïtous. Peytier et Hossard réussirent la première ascension en 1825, en faisant station l'année suivante
Pic d'Arriengrand3003m1541tVidal et ReboulC'est le Pic de Palas
Som de Séoube, montagne3132m1607tJunkerDe nouveau le Balaïtous, mais ici mesuré en 1790
 


Nous remarquons que Chausenque signale comme sommets distincts les différents noms attribués au Balaïtous. Ici on pourrait citer la relation qu'offre Beraldi sur les trente six noms de cette montagne. Il n'est pas étonnant que la confusion ait régné à ce sujet, nous l'avons trouvée dans des listes très postérieures (voir la liste de la UEC). Les altitudes obtenues par Vidal et Reboul, presque toujours par excès, sont dues à une erreur commise dans un fait initial à Tarbes.

FTer

mercredi 4 mai 2011

Les trois mille fantômes. Cap de la Coume de Riufret.

Les trois mille les plus orientaux des Pyrénées se situent aux portes de l'Andorre, dans le massif emblématique de la Pique d'Estats, sommet de la Catalogne. D'étendue réduite, la zone au-dessus des trois mille mètres est une des premières à être explorée. Dès 1825, pour l'élaboration de la carte de la France, Corabœuf et Testu stationnent sur la cime du Montcalm, choisie comme point géodésique de premier ordre. Alors que la période du "Petit Âge Glaciaire" est à son apogée, ils souffrirent dans leur tente, une semaine d'août, sous de continuels orages et chutes de neige. La Pique d'Estats sera visitée en 1864 par Russell, si elle ne le fut pas avant par les deux officiers géodésiens étant donné la courte distance et la facilité d'accès depuis le Montcalm. Selon Beraldi l'ascension des géodésiens est la première documentée du Montcalm, mais Alain Bourneton dévoile dans l'article "Deux siècles d'ascensions au Montcalm-Pique d'Estats" paru en quatre textes dans les numéros de la revue Pyrénées 200 à 203 en 1999-2000 que, selon les carnets de voyage du botanique Candolle, celui-ci avait atteint le sommet du Montcalm le 17 juillet 1807 guidé par Simon Faure.

Entre le Montcalm et la Pique d'Estats, on trouve une crête facile en entier billonnée, qui délimite les sources de Riufret à l'Est et de la Coumette d'Estats à l'Ouest. Le point le plus bas se nomme Col de Riufret (2978 m). Nous allons parler de cette divisoire. En été un large sentier tracé dans les cailloux relie les deux cimes. Essayant de se maintenir de niveau, cette trace délaisse un mamelon présent sur la crête.

Dans la cinquième édition en Castillan du livre de Buyse "Los tresmiles del Pirineo", paru en 1998, figure le chapitre 54 - Registre de propositions (p. 537). Dans le point 2, Josep N Torras de Castellar del Vallès, propose comme valable la cote 3041, selon l'IGN, près du col de Riufret. Dans les listes Buyse, cette cote est signalée avec le numéro 1117 dans les cotes restantes, avec son altitude de 3041 m donnée par l'IGN français. Luis Alejos, aussi, remarque en passant cette sommité dans son guide des 3000 mètres.

Dans le texte cité d'Alain Bourneton [Pyrénées nº 202, p.133], l'auteur propose que la cote 3041m porte le nom de Simon Faure et que l’on rebaptise le Pic Verdaguer du nom de Candolle, et qu’en outre on trouve quelque endroit pour perpétuer les noms de Corabœuf et de Testu. Il considère également abusif le nom Pic Gabarró pour le signal géodésique alors que Gourdon, d'Ussel et Arlaud avaient parcouru la crête orientale de la Pique avant la prétendue première de Pere Gabarró en 1932. Ajoutons pour finir que la première visite de cette double élévation où fut construit le signal géodésique fut réalisée par les militaires espagnols en 1871.

En novembre 2007, le "Centre Excursionista de Castellar del Vallès", dans son "Butlletí" nº 470 (p. 14), publie un article de Josep M. Torras où est décrite une visite à la cote 3041, en assurant qu'elle remplie amplement les critères établis par Buyse pour l'admission des trois mille.

Dans "les Chassefantômes", nous avions remarqué cette cote à vérifier, avec d'autres dans le massif, quand un e-mail de Lluis Muntan, en date 13 mars 2008, nous apprenait sur la publication précédente. Ce dont nous le remercions.

En même temps, paraît dans la page du courrier des lecteurs de la revue de la FEEC "Vèrtex" nº 217 de mars-avril 2008 (p. 4), une lettre de Josep M. Torras Homet intitulée "Un nou tresmil", où en quelques mots il expose sa conviction sur le nouveau trois mille.

Cap de la Coume de Riufret depuis le Montcalm (Auteur: Lluís Muntan)


Le 20 août 2009, Joseba Calzada visite la zone et prend les mesures GPS pertinentes, trouvant pour cette cote une altitude de 3044,6 m (pour 3041 m de l'IGN-F et 3040,3 de l'ICC dans sa cartographie au 1:5000). Du côté du Montcalm, c'est à dire au nord, la proéminence est donnée par le Col de Riufret (2978 m), et du côté de la Pique d'Estats, le GPS signale une proéminence de 14,2 mètres (10,7 m selon carte ICC).

Cartographie 1:5000 de l'I.C.C.


Le nom qu'a choisi Josep M. Torras pour ce sommet est en catalan: Cap de la coma de Riufred; et en français, puisque situé intégralement dans le département de l'Ariège: Cap de la Coume de Riufret. L'altitude qui semble la plus exacte aujourd'hui est celle signalée par l'ICC de 3040,3 mètres.

Cap de la Coume de Riufret depuis le col de Riufret (Auteur: Martín Garmendia)


Cap de la Coume de Riufret depuis la Pique d'Estats (Auteur: Joseba Calzada)


Consultez l'activité dans les liens suivants :

Cap de la Coume de Riufret. Cap de la Coume de Riufret dès le barrage de Soulcem.
Données techniques :
Cap de la coume de Riufret :............. 31T x: 369093 y: 4725470 z: 3044,6
Col Cap-Pique d'Estats :................. 31T x: 368983 y: 4725431 z: 3030,4

FTer

mercredi 23 mars 2011

Les trois mille fantômes. Aiguille Nord de Malavesina.

Le massif de Besiberri, situé intégralement dans la Catalogne, était connu par les premiers explorateurs sous le nom de Montarto. Il se trouve au sud de la Vallée d'Aran, dans le bassin de la Noguera Ribagorzana. Les sommets au-dessus de trois mille mètres s'alignent sur une crête dans un axe nord-sud presque parfait. L'Ouest est drainé par le vallon de Besiberri, et l'Est par le bassin de Malavesina qui débouche dans le barrage de Cavallers par le ravin du Riu Malo. Au sud, la bosse de Capceres de Caldas divise le vallon de Gémena et le ravin de Comaloforno, tous deux versant leurs eaux dans la Noguera de Tor.

Entre le Besiberri Sud et le point culminant du Massif, le Coma lo Forno, se déroule une crête hérissée où l'Equipe des Trois mille identifiait cinq aiguilles, lesquelles n'ont pas été inclues dans le Catalogue (Luis Alejos. Guide des 3000 mètres. Sua Edizioak, Bilbao, 2007); elles sont les cotes restantes numéros 1111 à 1115. Miguel Angulo, dans le volume IV de Pyrénées 1000 ascensions, signale aussi l'une de ces aiguilles-ci.

Qui parcourut cette crête en entier pour la première fois ? Nous l'ignorons. Les premières aux points extrêmes de la crête, sont : Le Coma lo Forno par son versant sud par des militaires espagnols en 1857; le Besiberri Sud par l'ouest par Packe et Dashwood en 1866. L'enchaînement des deux sommets est fait le 2 août 1919 par les catalans Estasén, Giró, Feliu, Badía, Canals et Herzog, longeant les aiguilles par les névés du versant est (Bulletin du CEC 1920). Arlaud et ses compagnons évitent les aiguilles par les vires de l'ouest le 31 juillet 1926 (Carnets d'Arlaud).

Coma lo Forno depuis le Besiberri Sud (auteur : Jesús Mari Linaza)


La crête fut parcourue intégralement le 13 août 2008. Grâce aux mesures prises, on observe que l'aiguille la plus septentrionale, la plus proche du Besiberri Sud, cote restante 1111, a une proéminence au nord de 17 mètres et 27 mètres au sud. En plus, l'aiguille sud, la plus proche du Coma lo Forno, cote restante 1115, offre 31 mètres au nord et 9 mètres au sud.

Descente de l'Aiguille Nord de Malavesina par son côté sud (auteur : Josu Linaza)


Escalade de l'Aiguille Sud de Malavesina par son côté nord (auteur : Josu Linaza)


Nous adoptons le nom provisoire d'Aiguilles de Malavesina pour l'ensemble. Selon la cartographie de l'Institut Cartographique Catalan dans sa série à échelle 1:5000, le nom Malavesina identifie le bassin au pied du Besiberri Sud et Coma lo Forno, qui par un laquet anonyme, verse ses eaux dans le ravin de Riu Malo.

Consultez l'activité dans le lien suivant :
Mendietatik : Crête du Besiberri Nord au Célestin Passet

Données techniques :

Besiberri del Mig N. Pico Simó :........ 31T x: 321717 y: 4718954 z: 3000
Besiberri del Mig S. Pico Jolís :....... 31T x: 321657 y: 4718878 z: 3001
Besiberri Sur :......................... 31T x: 321725 y: 4718199 z: 3024
Collado 1111-Besib-Sur :................ 31T x: 321754 y: 4718153 z: 2997
Cota 1111 :............................. 31T x: 321768 y: 4718111 z: 3014
1111 collado Comaloformo :.............. 31T x: 321798 y: 4718032 z: 2987
Aguja Comaloforno 1115 :................ 31T x: 321835 y: 4717945 z: 3018
coll-1115_Comaloforno :................. 31T x: 321842 y: 4717940 z: 3009
Coma lo Forno :......................... 31T x: 321874 y: 4717929 z: 3031

FTer

lundi 21 février 2011

Liste de trois mille de la Unió Excursionista de Catalunya (1935).

On dit qu'elle est la liste de trois mille la plus ancienne publiée, Buyse en fait écho dans son livre. Déjà nous avons constaté qu'il n'est pas vrai qu'elle soit la première (voir le lien sur la liste de Almarza). Mais on ne peut non plus considérer qu'elle soit une liste.

En Juin 1935 la Unió Excursionista de Catalunya, UEC, consacre entièrement son bulletin mensuel aux trois mille pyrénéens. Dans l'introduction on fait un panégyrique de ces sommets comme représentants majeurs du Pyrénéisme. Mais l'étude se limitera exclusivement à Catalogne: « Per fer l'elogi del Pirineu hem cercat i us detallem les maximes alçàries... » (Pour faire l'éloge des Pyrénées nous avons cherché et vous détaillons les élévations maximales...). En effet, les premières pages du bulletin montrent les sommets de plus de trois mille mètres situés en Catalogne. Cette liste-ci prétend être exhaustive et elle se résume à cinq sommets. En France à cette date non, mais sur le versant sud il est vrai que la connaissance de la montagne est encore assez déficiente, manque de cartes, manque de bibliographie, manque d'expérience accumulée... Peu à peu on ira en progressant.

À cette liste des trois mille catalans s'ajoute dans les pages suivantes une liste de sommets de trois mille qui peuvent être gravis dans toutes les Pyrénées, liste que ne prétend pas être exhaustive, puisque dans son titre on dit: « Diversos cims de tres mil metres del Pirineu Catalá, Aragonès i Francès », "Diverses cimes...", comme en les choisissant au hasard. C'est vrai qu'y figurent les sommets les plus représentatifs, mais on donne l'impression de n'avoir pas voulu détailler à l'excès, peut-être par la certitude de sa propre ignorance ? Par exemple, dans la liste catalane en citant la Pique d'Estats on dit qu'avec le Montcalm (3080 m) elle constitue le massif le plus important du Pallars Sobirà; bien, le Montcalm ne réapparait pas, il n'a pas d'entrée propre, ni entre les cimes catalanes, ni même dans le reste.

Une caractéristique du bulletin, dans les deux relevés de cimes, est que non seulement on note le nom et l'altitude, sinon l'emplacement et le ou les accès réputés normaux, refuges et horaires. Il semble justifier son utilité comme un début, et bien sûr son but désiré, de guide montagnard. Des photographies annotées, dont les auteurs sont : A. Miró, R. Escayola, J. Ventura et Ll. Trabal, illustrent tout le bulletin. Cela dit l'auteur de l'article reste anonyme.

Panorama à double page (82 et 83) détaillant les Monts Maudits et la source de l'Esera, il est possible qu'il soit dessiné depuis le Port de Venasque (anonyme).


Nous détaillons ci dessous les sommets cités dans les deux listes en gardant la graphie et les altitudes utilisées.

Liste des trois mille catalans (5):
PICA D'ESTATS3141 m 
MULLERES, TUC DE3005 m 
BECIBERRI3020 m 
COMOLO FORNO3005 mRemarquez son altitude inférieure à celle du Beciberri. Les altitudes des cimes du massif n'étaient pas très précises autrefois.
COMOLO PALES3007 mC'est le sommet qu'aujourd'hui nous appelons Punta Alta.


Liste de divers trois mille embrassant tout les Pyrénées (39):
ANETO, PIC3404 m 
ARAGÜELLS, PIC3037 m 
BALAITOUS O MARMURET3146 m 
BECIBERRI, PIC3007 m 
CABRIOLES, PIC DE3115 m 
CASCO3006 m 
CILINDRE3327 m 
COMOLO FORNO3005 m 
CORONAT O CORONES, PIC L'altitude n'est pas signalée car inconnue.
CRISTALL, PIC DE3150 mD'après le bulletin, situé dans la Crête du Diable.
D'ALBA, PIC3096 m 
D'ALBA, DENT3114 m 
GABIETOU, PIC DE3033 m 
GORGS BLANCS, PIC DELS3114 m 
INFERN, PIC DE L'3125 m 
LITEROLA, PIC DE3145 m 
MALADETTA OCCIDENTAL3312 m 
MALADETTA ORIENTAL3204 mIl semble que les altitudes des deux Maladetta soient inversées.
MALPAS, PIC DE3110 m 
MARBORE3253 m 
MONT PERDUT, PIC DE3352 m 
MULLERES, TUC DE3005 m 
MUNIA, LA3150 m 
PERDIGUERO, PIC DE3220 m 
PIC DEL MIG3354 m 
PICA D'ESTATS3141 m 
PORTILLO D'OO, PIC DEL3130 m 
POSETS, PIC DE3367 m 
PUNTA ALTA3007 mIci, l'utilisation du nom moderne du COMOLO PALES est curieuse.
PUNTA D'ASTORG3354 m 
RAMOND, CIM DE3248 m 
ROYO, PIC DE3145 m 
RUSSELL, PIC3201 m 
SERRE MORENE3114 m 
TAILLON, PIC DE3146 m 
TEMPESTATS, PIC3289 m 
TRAMOUSE3066 m 
VALIBIERNA, PIC3047 m 
VIGNEMALE3298 m 


L'hésitation entre le nom de Punta Alta et Comolo Pales pour la même cime est intéressante (Buyse dans son livre, en les citant, les signale comme cimes différentes. Il ne semble pas se tenir à l'ancien nom qui était Comolo Pales). Les altitudes dissemblables indiquées pour le Beciberri dans les deux listes, font certainement allusion au Beciberri Sud, puisque dans la liste catalane l'itinéraire est décrit par le vallon de Beciberri et coll dels Avellaners, alors que dans la liste générale, il est renvoyé à l'itinéraire précédent (ici Buyse parle des Beciberri Sud et Nord, nulle part le bulletin ne laisse entendre cela). L'apparition d'un surprenant Pic de Cristall, bien repéré comme en faisant partie de la Crête du Diable, nous n'avons aucune information d'autre texte où il soit catalogué parmi les trois mille, en plus avec une altitude supérieure au Balaïtous.

Au total la liste compte 39 sommets, Buyse dit 41 : nous avons vu déjà dans le paragraphe ci-dessus où est la différence. Il faut remarquer la petite quantité de trois milles pour l'époque, comparée avec les 57 pics, seulement aragonais, cités par Almarza en 1932. Il est évident qu'on n'a pas essayé de faire une liste complète, nous avons vu que le Montcalm, bien que cité en passant, n'apparait pas ensuite, et qui plus est, aucun sommet entièrement français n'y figure.

C'est pourquoi il est faux de parler de sa prétendue primauté, surtout en tant que liste. Voilà pourquoi on peut dire qu'il est sans doute le premier guide montagnard spécifique sur les trois mille.

Remerciements à Carles Giné-Janer pour nous avoir fourni une copie du bulletin tirée de la bibliothèque du Centre Excursionista de Catalunya.

FTer