mercredi 19 décembre 2012

La liste des trois mille de Sabino Echeandía (1978).

La vulgarisation des listes des trois mille se poursuit. L'apport basque vient de la main de Sabino Echeandía, qui, en 1978, publie une liste dans la revue Pyrenaica, organe de la Fédération Basque de Montagne (pages 30 à 34 du numéro double 112-113).

Les cimes, avec leurs noms et altitudes, sont tirées de la cartographie de l'Editorial Alpina qui, à cette date, comprend déjà dans sa totalité les zones des trois mille. Les sommets français de la zone du Néouvielle sont l’exception et, Sabino Echeandía ne citant pas ses sources, c’est ici que nous pouvons trouver des erreurs dans la toponymie employée, à côté d'absences remarquables (Crabounouse, Estibère Male, Maou). Un petit groupe de trois mille est tiré de la carte-esquisse jointe dans le guide du CEC Posets-Maladeta. Le nom de Tuc (Punta de las Olas) dévoile qu'il a consulté aussi le guide Vignemale-Monte Perdido du CEC, traduction du guide Ollivier.

Les cartes Alpina les plus récentes qui peuvent avoir été utilisées à cette date sont les suivantes :

La Maladeta-Aneto (207) 1:25000, 7ème édition 1977.
Posets-Benasque (206) 1:25000, 6ème édition 1974.
Montardo-Aigües Tortes (209) 1:25000, 8ème édition 1977.
Pica d'Estats-Vall Ferrera (211) 1:40000, 5ème édition 1977.
Valle de Ordesa-Vignemale (204) 1:40000, 4ème édition 1977.
Panticosa-Formigal (203) 1:25000, Echeandía cite cette carte, œuvre de Xabier Coll, comme source, mais la première édition date de 1979.

Les sommets signalés sont de 125, nombre en accord avec ceux d'autres listes publiées en ce temps-là.

La finalité du relevé, selon l'auteur, est de présenter de nouveaux objectifs aux montagnards parmi les altitudes maximales des Pyrénées, qui, à son avis, "se résument souvent à quelques noms de sommets".

Il est possible de voir sur Internet les numéros anciens de la revue dans le site web de Pyrenaica.

De toute façon nous reproduisons ci-dessous la liste de Sabino Echeandía :

Cartographie Alpina.    
Piedrafita Panticosa.    
(Xavier Coll)    
     
CIME Altitude  
Balaitus 3151  
Frondiellas (Picos de las) 3000  
Frondiellas (Picos de las) 3025  
Frondiellas (Picos de las) 3000  
Frondiellas (Picos de las) 3006  
Gran Facha 3006  
Infierno. Occidental (Picos del) 3072  
Infierno. Central (Picos del) 3076  
Infierno. Oriental Picos del) 3056  
Garmo Negro 3051  
Algas 3021  
Argualas 3041  
     
     
Cartographie Alpina.    
Ordesa Vignemale.    
(Xavier Coll)    
     
CIME Altitude  
Petit Vignemale 3032  
Pta. Chausenque 3025  
Pitón Carré 3198  
Pique Longue 3303  
P. de Clot de la Hunt 3285  
P. de Cerbillonar 3235  
Pic Central 3222  
Pic de Montferrat 3212  
Pico de Tapou (G) 3143  
Pico de Tapou (M) 3130  
Gabieto Oriental 3031  
Gabieto Occidental 3034  
El Taillón 3144  
El Casco 3006  
Torre de Marboré 3012  
Espalda de Marboré 3077  
Pic Occ. de la Cascada 3099  
Pic Central de la Cascada    
(o Brulle) * 3088  
Pic Or. de la Cascada 3165  
Pico de Marboré 3253  
Cilindro de Marboré 3328  
Pico de Astazú Occ. 3024  
Pico de Astazú Or. 3080  
Monte Perdido 3355  
Sum de Ramond 3254  
Tuc * 3018  
P. Robiñera 3003  
La Munia 3134  
Petit Munia 3096  
Sierra Morena 3090  
Pic de Troumouse 3085  
Pic de Heid 3022  
     
* selon le guide    
Vignemale-Monte Perdido    
     
     
Sans cartographie.    
     
CIME Altitude  
Pic Long 3194  
Neuville 3092  
Trois Conseillers 3056  
Turón de Neuvielle 3042  
Ramoungn 3010  
Bugarret 3036  
Badet 3161  
Campbiell 3175  
Lentille 3166  
Esteragne 3005  
     
     
Cartographie Alpina.    
Poset Perdiguero    
(Ramón de Semir)    
     
CIME Altitude  
Punto Ledormeur 3120  
Pico de Bachimala 3177  
Punto del Sable 3143  
Pico de Clarabide 3028  
Pico de Gias 3011  
Pico de St. Saud 3045  
Pta. Lourde Rocneblare 3104  
Pico de Gourgs Blancs 3129  
Pico de Oô (Arlaud) 3065  
Pico de Baquo 3114  
Pico del Portillón de Oô 3050  
Pico de Perdiguero 3221  
Pic Royo 3121  
Punto de Lliterola 3132  
Pico Occ. de Crabioules 3106  
Pico Or. de Crabioules 3116  
Aguja de Crabioules 3025  
Pico de Maupas 3109  
Bagueñola o Eriste Sur 3045  
Bagueñola o Eriste Central 3053  
Bagueñola o Eriste Norte 3025  
Pico de la Forqueta 3007  
Tucon Royo (o Pavots) 3121  
Llardaneta 3332  
Las Espadas 3329  
Diente de Llardana 3085  
Pico de Posets 3375  
Los Gemelos 3160  
Pico de Bardamina 3079  
     
     
Cartographie CEC.    
Guide Posets Maladeta    
     
CIME Altitude  
Culfreda o Batua 3034  
Pic Lustou 3026  
Abeille 3036  
Pequeño Bachimala 3062  
Spijeoles 3065  
Pic Belloc 3008  
Pic Lezat 3099  
Pic Quairat 3059  
     
     
Cartographie Alpina.    
Maladeta Aneto    
(Ramón de Semir)    
     
CIME Altitude  
Pico de Boum 3006  
Pico de Alba 3118  
Diente del Alba 3136  
Pico le Bondidier 3185  
Maladeta Occidental 3 3185  
Maladeta Occidental 2 3220  
Maladeta Occidental 1 3254  
Pico de la Maladeta 3308  
Pico de Enmedio o Maldito 3350  
Punta Astora 3355  
Pico del Medio 3346  
Pico de Coronas 3293  
Pico de Aragüells 3037  
Pico de Aneto 3404  
Agujas de Aneto 3350  
Aguja Franqueville 3065  
Aguja Tehihatcheff 3052  
Aguja Argarot 3035  
Espalda de Aneto 3350  
Pico de las Tempestades 3290  
Pico Margalida 3241  
Pico Rusel 3205  
Tuc de Mulleres 3010  
Pico Occ. de Valliberna 3062  
Pico Or. de Villaberna 3067  
     
     
Cartographie Alpina.    
Montardo Coma lo Forno    
(Rosendo la Blanch)    
     
CIME Altitude  
Bisiberri Nord 3014  
Bisiberri del Mig 3003  
Bisiberri Sud 3030  
Coma lo Forno 3032  
Punta Passet 3002  
Punta Alta 3014  
     
     
Cartographie Alpina.    
Pica d'Estats Mont Roig    
(Ramón de Semir)    
     
CIME Altitude  
Pic de Sotllo 3073  
Pica D'Estats 3143  
Pic de Montcalm 3077  
     

FTer

lundi 24 septembre 2012

Les trois mille fantômes. Antécime NE. de la Maladeta.

Vue du Portillon de Benasque, la Maladeta semble le sommet le plus élevé des Monts Maudits. L'Aneto, au second plan, ne montre pas sa proéminence. La haute vallée de l'Ésera fut le théâtre, au cours de la Guerre de Succession de la Couronne Espagnole, d'opérations et de combats entre les armées de l’Archiduc et de Philippe V. On dit que le Port de la Picade tire son nom d'une escarmouche livrée là. On n'est pas étonné que le massif soit représenté, depuis les débuts de la cartographie, dans la carte de Roussel et de La Blottière et sa légende, publiée en 1730. Raymond d'Espouy signale dans un article du Bulletin de la Société Ramond en 1940, que le dessin de la Maladeta dans cette carte fut dressé de ce lieu même par La Blottière [Jean Escudier. L'Aneto et ses hommes].

Il faut signaler que le nom Maladeta, que Ramond popularise comme maudite en écrivant "Maladetta" et, en mélangeant italien et castillan, veut seulement dire dans la langue du pays: la montagne.

Aux débuts du pyrénéisme et jusqu'à ce que, en 1820, on ne peut douter davantage de la suprématie de l'Aneto, tous les regards se tournent vers la Maladeta et on tentera la conquête du sommet. La première et timide tentative vient de Ramond, qui, en 1787, accédant par la vallée de Paderna, parcourt la base des glaciers d'Alba et les branches occidentale et orientale de la Maladeta. En montant par ce dernier, seul, abandonné par ses guides, il atteint, immergé dans le brouillard, une crête que son récit ne permet pas d’identifier, mais qui aurait bien pu être la crête des Portillones.

La tentative suivante fut inspirée par Lapeyrouse. Brouillé avec Ramond, il propose à son ami Ferrière de surpasser l'Alsacien en conquérant la Maladeta. En 1800, Ferrière et son guide Barrau atteignent un point sur la crête des Portillones et, ne pouvant pas continuer, font demi-tour.

En 1802 Cordier et Bruun-Neergaard, renseignés par Ferrière, tentent la cime. À nouveau, Barrau est du raid. Et à nouveau ils suivent la crête des Portillones. Cordier est plus explicite, il nous relate qu’ils vont trouver un mauvais pas qui, sur 200 mètres, leur demande une demi-heure d'efforts, suspendus aux rochers, aussi bien d'un côté que de l'autre de la crête. Ils arrivent à l’endroit où Ferrière avait fait demi-tour et ils ne peuvent pas non plus surmonter l'obstacle. Bruun-Neergaard se retire, mais Cordier et Barrau réussissent à descendre sur le glacier de la Maladeta et, en le suivant, atteignent le col de la Rimaye, où ils ne peuvent plus progresser. Le lieu atteint est connu comme le rocher des "Deux Hommes". Malgré l'échec, Barrau doit avoir vu une possibilité, puisqu’il atteindra la cime à sa tentative suivante.

D'autres expéditions, menées par Candolle, Jean de Charpentier et De Marsac, ne semblent pas avoir remporté de meilleurs résultats [Alberto Martínez Embid. Aneto, el monarca del Pirineo].

Des années se sont écoulées quand Frédéric Parrot requiert les compétences de Barrau pour une autre tentative à la Maladeta. Montant tout droit par le glacier, ils atteignent les Deux Hommes et, dépassant l'obstacle au moyen d'un appui sur les épaules, ils parviennent au point culminant. C’est le 28 septembre 1817. Du sommet Parrot remarque la supériorité de l'Aneto et regrette de ne pas pouvoir y accéder. Son nom se perpétue au Parrotspitze, remémorant une tentative de l'Allemand au Monte Rosa.

Le Bondidier fit une proposition, qui échoua, de donner le nom de Pic Parrot au Premier Pic Occidental de la Maladeta (Pic Cordier) et le nom de Pic Charpentier au Second (Pic Sayó) [Bulletin Pyrénéen, 1947. p.84].

Entre les deux voies normales de la Maladeta se trouve la crête des Portillons qui descend depuis la cime jusqu'au Portillon Supérieur en formant quelques pointes. La voie des premières tentatives est aujourd'hui rarement suivie. On dit en tous lieux que la première est l’œuvre de Frédéric Lung avec Castagné et Courrége le 9 août 1911 [CEC. Guide Posets-Maladeta, 1968]. Mais dans les carnets d'Emili Juncadella, qui faisait cette ascension le 24 août 1912 avec Jean Haurillon et José Sayó, on révèle que ceux-là ne parcoururent pas la crête dans sa totalité, car ils abordèrent la deuxième aiguille par le glacier de la Maladeta, et après l’avoir gravie ils revinrent à la neige, en longeant la paroi finale [David Vilaseca Basco. Emili Juncadella. Aventures d'un burgès als Pirineus. Cossetania, Valls, 2004].

Crête des Portillones à la Maladeta depuis le pluviomètre. (Auteur: Luis Mata)

Buyse dans sa liste de cotes restantes signale deux cotes dans cette crête : la 1090 de 3038m et la 1091 de 3235m, cette dernière nommée Antécime NE de la Maladeta. Luis Mata parcourait la crête en prenant des mesures le 21 juillet 2012. La première des pointes a huit mètres de proéminence. La deuxième, l’Antécime NE de la Maladeta, offre une proéminence vers la cime principale de onze mètres. Il y a deux autres pointes plus hautes, mais avec trois ou quatre petits mètres de proéminence.

Maladeta et Antécime NE. depuis la base du Pic Pico Maldito. (Auteur: Luis Mata)

Le SITAR signale une altitude de 3234,87m pour cette antécime avec une proéminence de 13,25m. Celle-ci est citée dans l'œuvre d'Angulo "Pyrénées. 1000 ascensions" avec 3230m et innommée.

Données techniques : Antécime NE de la Maladeta ......... 31T 306716 4724368 z:3248m
Brèche de la Antécime .............. 31T 306663 4724335 z:3237m

Consultez l'activité dans le lien suivant :
Antécime NE. de la Maladeta.

FTer

lundi 20 août 2012

La liste des trois mille de Manuel Cortés (1977).

Entre les deux opuscules de Juan María Feliú et indépendamment d’eux, en 1977, est publiée une nouvelle liste de trois mille. Son auteur est Manuel Cortés (Manel) et figure dans le Bulletin du Centre Excursionista de Lleida dans le numéro de novembre de l'année dite, avec le titre "Els tres mil del Pirineu". Cortés signale expressément qu’il cite toutes ces pointes ("cims principals i també els de segona fila") qui ont une personnalité suffisante pour avoir mérité un nom. Voici le premier critère et le plus immédiat pour valider un trois mille. Certes, celui qui n'a pas de nom n'existe pas, ne figurant ni dans la bibliographie ni dans la cartographie. Il regroupe les cimes par ensembles géographiques ou massifs, en créant onze zones qui sont celles qu'ultérieurement adoptera Buyse. L’avis même de Manel est que sa liste ne fut pas utile à la liste ultérieure de Feliu Izard, celle qui, par la suite, sera officialisée d'une certaine manière par le Centre Excursionista de Lleida. Aujourd'hui Manel renie son travail, vu la dérive prise après l'affaire des trois mille. On peut la considérer comme la première liste catalane embrassant toute la chaîne.

En préparant sa liste, Manuel Cortés se base sur la cartographie existante alors essentiellement d'Editorial Alpina, et des cartes topographiques de l'IGN espagnol dans les zones délaissées par la maison de Granollers. Les noms pour le territoire français sont extraits du guide Ollivier, mais un détail toponymique signale qu'il n'a pas consulté la cartographie officielle française.

Le nombre de sommets comptabilisés par Cortés est 122. Peu à peu, on voit sortir de nouvelles cotes de trois mille. Vu le critère utilisé, on peut dire qu'on découvre des dénominations jusqu'alors masquées dans une carte ou récit anciens.

Nous reproduisons ici, en entier, la liste de Manuel Cortés, avec quelques notations pour éclaircir des points confus.

REGIO DE PIEDRAFITA-PANTICOSA
       
    m.  
1 Frondella Occid. 3000  
2 Frondella Central 3064  
3 Frondella Oriental 3069  
4 Balaitous 3146  
5 Agulla Anònima 3024 (1)
6 Gran Facha 3006  
7 P. Infierno Occid. 3076  
8 P. Infierno Central 3091  
9 P. Infierno Orient. 3006  
10 P. de los Arnales 3001  
11 Pondiellos 3060 (2)
12 Argualas (Arollas) 3045 (3)
13 Algas 3030  
       
REGIO DE VIGNEMALE
       
    m.  
14 P.Tapou 3143
15 Montferrat 3220  
16 P. Central 3235  
17 Cerbillonar 3222  
18 Clot d'Era Hount 3285  
19 Pique Longue 3298  
20 Pitón Carré 3198  
21 Pointe Chausenque 3205  
22 Petit Vignemale 3032  
       
REGIO D'ORDESA-GAVARNIE
       
    m.  
23 Gabieto 3034  
24 Taillon 3144  
25 El Casco 3006  
26 La Torre 3012  
27 Espalda de Marboré 3077  
28 P. Occ. de la Cascada 3099  
29 P. Central de la Cascada 3165  
30 P. Oriental de la Cascada 3165  
31 P. de Marboré 3253  
32 Cilindro de Marboré 3328  
33 Monte Perdido 3352  
34 Soum de Ramond 3254  
35 Punta de las Olas 3002  
36 Petit Astazou 3024  
37 Gran Astazou 3080  
       
REGIO DE TROUMOUSE-BARROSA
       
    m.  
38 Robiçera (Louseras) 3007  
39 La Munia 3134  
40 Petit Munia 3096  
41 Serra Morena 3090  
42 P. de Troumouse 3085  
43 P.Heid 3022  
       
REGIO DE CAMPBIEIL-LONG
       
    m.  
44 P. Long 3194  
45 P. Badet 3162  
46 P. de Campbieil 3175  
47 P. Estargne 3006  
48 P. Tourrat 3030 (4)
49 P. Maubic 3069  
50 P. de Néouvielle 3092  
51 Turon de Néouvielle 3031  
52 Trois Conseillers 3042  
53 Pointe Ramoung 3010  
       
REGIO CINQUETA DE LA PEZ
       
    m.  
54 Batoua (Culfreda) 3035  
55 Lustou 3026  
56 P. de l'Abeillé 3036  
57 Punta Ledormeur 3120  
58 Gran Bachimala 3166  
59 Punta del Sabre 3143  
       
MASSIS DE POSETS-ERISTE
       
    m.  
60 Tucón Royo (Pavots) 3121  
61 Las Espadas 3332  
62 Posets (Lardana) 3375  
63 Los Gemelos 3125 (5)
64 Bardamina Occid. 3110  
65 Bardamina Oriental 3079  
66 P. Eriste S. 3045  
67 P. Eriste Central 3053  
68 P. Eriste N. 3025  
69 Turets (Forqueta) 3007  
       
REGIO D'ESTOS-ESPINGO-LYS
       
    m.  
70 Clarabide Occid. 3021  
71 Clarabide Oriental 3028  
72 P. de Gias 3011  
73 Pouchergues 3006 (6)
74 Pointe Camboué 3043 (7)
75 Pointe Saint-Saud 3079 (8)
76 Pointe Lourde-Rocheblave 3107  
77 Gourgs Blancs 3131  
78 P. d'Oô (Arlaud) 3074  
79 P. Gourdon 3034  
80 Spijeoles 3065  
81 Cap dera Baquo 3106  
82 Gran Pic Seilh dera Baquo 3114  
83 P. del Portilló d'Oô 3044  
84 Perdiguero 3221  
85 P. Royo de Literola 3143  
86 P. Quairat 3034  
87 P. de Lézat 3090  
88 Crabioulés Occid. 3115  
89 Crabioulés Oriental 3119  
90 Malpás 3109  
91 P. del Bom 3004  
       
REGIO LA MALADETA-VALLHIVERNA
       
    m.  
92 P. d'Alba 3118  
93 Dent d'Alba 3136  
94 P. Le Bondidier 3150  
95 Aragüells 3037  
96 Piedras Albas 3000 (9)
97 Maladeta, 1.er Occid. 3195  
98 Maladeta, 2.o Occid. 3220  
99 Maladeta, 3.er Occid. 3252  
100 Maladeta Oriental 3308  
101 Punta Astorg 3354  
102 P. Maldito 3350  
103 P. de Enmedio 3345  
104 P. de Coronas 3310  
105 Aneto 3404  
106 Espatlla d'Aneto 3350  
107 Tempestats 3290  
108 Margalida 3241  
109 P. de Rusell 3205  
110 Tuc de Mulleres 3010  
111 P.de Vallhiverna 3067  
112 Las Culebras 3062  
       
REGIO DE CALDES
       
    m.  
113 Biseverri N. 3014 (10)
114 Besiverri Central 3003  
115 Besiverri S. 3030  
116 Comaloforno 3033  
117 Punta Passet 3002  
118 Punta Alta 3014  
119 Pala Alta del Serrader 3001 (11)
       
MASSIS DE SOTLLO-ESTATS
       
    m.  
120 P. de Sotllo 3073  
121 Pica d'Estats 3143  
122 Montcalm 3080  


(1) C'est l'actuelle Aiguille Cadier qui figure comme Pico Anónimo dans l'ancienne cartographie Alpina.

(2) C'est le Garmo Negro. Le nom Pondiellos semble venir de Russell et Wallon qui appellent Pundillos ce sommet. Bien que la cartographie espagnole place le nom Pondellos sur les Pics d'Arnales dans la feuille 145 Sallent en 1936.

(3) Le nom Arollas ou Arualas était utilisé en France pour le Garmo Negro. Dans la feuille 145 Sallent 2ème édition en 1963 on nomme Arualas le Pic Argualas.

(4) C'est le Pic Bugarret. Dans toute la cartographie française il figure comme Bugarret. Manel, interrogé sur cette dénomination, signale qu’elle provient d'une carte dont il n’a plus le souvenir, ou que, pour surplomber le lac Tourrat, le nom serait de sa propre création. Nous n'avons trouvé aucun lieu où soit utilisé le nom Tourrat pour Bugarret.

(5) Il semble provenir des premières éditions de la carte Posets d'Editorial Alpina où la cote 3125 est signalée avec le nom Los Gemelos, la cote 3160 ne figurant pas. Dans d’ultérieures éditions figurent les deux cotes, mais le nom Los Gemelos a été déplacé à la pointe 3160.

(6) (7) (8) Pouchergues : c'est ici l'actuel Pic Saint-Saud. Ces trois cotes avec leurs noms semblent tirées du guide Armengaud-Comet de 1953 "Pyrénées IV. Guide de la Région d'Aure et de Luchon" qui contient un croquis avec ces noms. Pour un exposé exhaustif sur les noms des pointes autour des Gourgs-Blancs voir l'article "Histoire d'une montagne, les Gourgs-Blancs" de F.Termenón et R.Aymard dans Pyrénées nº 241, janvier 2010.

(9) Le pic de Piedras Albas, voisin du Pic Aragüells, figura longtemps dans la cartographie avec 3000 mètres d'altitude. Pic nº 3 d'Estatas avec 3010m dans la carte esquisse "Les Monts Maudits" de Léon Maury en 1945. Et dans la première édition de la carte Alpina "Alto valle del Ésera I - La Maladeta" en 1958 il est répertorié avec une altitude de 3000m. Plusieurs cotes de 3000 mètres au Sud du Lac Cregüeña dans les éditions, la première en 1934 et la deuxième en 1950, de la feuille 180 Benasque de la Carte Topographique Nationale 50k. Aujourd'hui son altitude est 2993m.

(10) Biseverri (sic), semble une erreur de l'imprimeur.

(11) Pala Alta du Serrader qui, dans le guide Pallars-Arán du CEC, œuvre d'Agustín Jolís et Maria Antonia Simó, est citée avec 3001 mètres d'altitude. Aujourd'hui elle est cotée 2983m.

FTer

vendredi 22 juin 2012

Les listes des trois mille de Juan María Feliú (1976 et 1978).

Juan María Feliú Dord, membre de la saga fraternelle des Feliú (quatre frères montagnards navarrais dont l'ainé était Marcos Feliú), publia en 1976 une liste de trois mille comprenant 110 cimes. Dans une deuxième édition en 1978, il ajoutait cinq sommets.

Ce qui est intéressant dans ces deux listes est que pour la première fois on couvre la chaîne complète, en ne faisant pas de différence entre la situation nationale ou régionale des sommets. Le seul critère retenu c'est dépasser les 3000 mètres.

J'ai eu la chance de contacter Juan Mari il y a quelques années, ainsi j’ai pu connaître de première main quelques détails sur l'élaboration de ses listes et dans quel but elles furent publiées. Juan Mari eut l'attention de m'offrir un exemplaire de la deuxième édition qui a pour titre : "Pirineos: los 115 "tres miles" de la cordillera", tirée par le Club Deportivo Navarra en Iruña, novembre 1978.

Dans les premières années 70, Juan Mari, qui alors résidait à Saint-Jean de Luz, sous le pseudonyme "Kulixka", publia entre janvier 1974 et février 1977 dans le Diario de Navarra, une page hebdomadaire dédiée aux trois mille avec le titre de "Cumbres pirenaicas". On y parlait un peu d'histoire, d’itinéraires, d’esquisses et de dessins.

En même temps paraît dans la revue Pyrenaica de la Fédération Basque-Navarraise de Montagne (nº 3 de l'année 1975) un article de Juan Mari sous le titre : "El Pirineo a debate". Il y exposait son avis sur le traitement futur des affaires pyrénéennes (sportives, environnementales, de développement...) et envisageait la Chaîne en son unité, oubliant la vue étroite centrée sur une région. Ce qui semble évident aujourd'hui, il fallait l’observer à cette date pourtant proche. Habitant en France, Juan Mari sentait les sensibilités différentes autour des Pyrénées, et, c'est son mérite, remarquait comment, à la fin du franquisme, pouvaient se développer en Espagne les relations humaines avec la montagne dans la scène pyrénéenne. Depuis lors, toutes les listes de trois mille qui seront publiées embrasseront toute la Chaîne, contrairement à celles publiées avant, qui étaient limitées à une région ou pays.

Il développe la même idée pour le Pays Basque, publiant en 1974 un opuscule où il réunit les montagnes basques avec la base du Catalogue de la Hermandad de Centenarios.

Juan Mari qui travaille dans une imprimerie à Saint-Jean de Luz en profite pour éditer en 1976 sa première liste avec 110 sommets. Vu son lieu de naissance on peut prétendre que c’est la première liste française des trois mille.

En 1978, déjà, de sa Pamplona natale, le livret comprenant sa deuxième liste avec 115 sommets est publié aux frais du Club Deportivo Navarra. Les nouveautés par rapport à la première sont la parution des sommets Oriental et Occidental du Pic d’Enfer, le Pic Central des Frondellas, la Tour de Costerillou et l'Aiguille d'Ussel.

Nous reproduisons ici en entier cette dernière liste. Elle est divisée en trois secteurs : Occidental, Central et Oriental, et en plus des cimes et de leurs altitudes on signale le massif correspondant, les villages les plus proches, les auteurs et les dates des premières ascensions de chaque sommet. Par ailleurs on ajoute dans toutes les pages des avertissements de caractère écologique ou montagnard. Nous signalons les auteurs et dates des premières ascensions tels qu’ils apparaissent dans le livret, toutes précautions prises sur ces informations car il y a de nombreuses erreurs.

Couverture du livret de Juan María Feliú publié en 1978 par le Club Deportivo Navarra.


(A) SECTEUR OCCIDENTAL
    
SOMMETALTITUDEPREMiÈRE
1BALAITUS3145m8-8-1825. Peytier et Hossard
2COESTERILLOU Tour3049m18-8-1913. Edouard et George Cadier
3AIGUILLE D'USSEL3023m7-1908. Ussel, Castagné et Soubie
4CADIER Aguja o P.Anónimo3022m30-8-1911. Frères Cadier
5FRONDIELLA ORIENTAL3068m 
6FRONDIELLA CENTRAL3033m 
7GRAN FACHA3006m 
8INFIERNO P.CENTRAL3090m 
9INFIERNO P.OCCIDENTAL3074m 
10INFIERNO P.ORIENTAL3076m 
11ARGUALAS3046m1790. Heredia et Junker
12ARNALES3005m 
13GARMO NEGRO3070m 
14PIQUE LONGUE3289m7-8-1938. Miss Lyster,Cazeaux et Cartes
15CERBILLONA3247m 
16MONFERRAT3220m 
17PITON CARRE3198m 
18POINTE CHAUSENQUE3205m30-6-1822. Chausenque et Latapie
19CLOT DE LA HUNT3274m 
20TAPOU3148m1833. Russell
21PETIT VIGNEMALE3082m1798. La Beaumelle
    
    
(B) SECTEUR CENTRAL
    
SOMMETALTITUDEPREMIÈRE
22GABIETO3032m 
23GABIETO SUR3024m
24TAILLON3146m1792. Heredia
25CASCO MARBORE3005m 
26TORRE MARBORE3018m 
27P.OCC. DE LA CASCADA3085m 
28PICO CENTRAL3146m1888. Brulle
29PICO ORIET. DE LA CASC.3157m 
30ESPALDA MARBORE3069m 
31MARBORE3253m 
32CILINDRO3327m1863. Russell
33ASTAZU GRAND3083m22-7-1870. Russell et C.Passet
34ASTAZU PETIT3024m 
35MONTE PERDIDO3353m6-6-1802. Rondo, Laurens, Ramond et un aragonais
36SOUM DE RAMOND3130m1877.Russell et camarades
37TUCA3018m 
38PIC LONG3069m1864. Duq de Nemours
39NEOUVIELLE3092m1847. Chausenque et Teintu
40TROIS CONSEILLERS3056m 
41BADET3161m 
42CAMPBIELL3175m 
43BUGARRET3006m 
44RAMOUNG3010m 
45LENTILLE3156m 
46TOUR NEOUVIELLE3042m 
47ESTERAGNE3005m 
48LA MUNIA3134m 
49LAUSERAS3007m 
50TROUMOUSE3085m 
51HEID3022m 
52LA MUNIA PETIT3096m 
53SIERRA MORENA3058m 
54SCHRADER3177m19-7-1878. Schrader et H.Passet
55LEDORMEUR3120m 
56PUNTA SABRE3145m 
57ABEILLE3036m 
58PETIT BACHIMALA3060m 
59CULFREDA3034m1848. Capitain Langot
60LUSTOU3025m29-7-1884.Brulle et C.Passet
61BAGUEÑOLA3035m.19-7-1878. Russell et F.Barrau
62TOURETS3014m12-8-1905. Le Bondidier et Sansuc
63BERALDI3005m13-8-1905. Le Bondidier et Sansuc
64ESPADAS3332m10-8-1905. Le Bondidier, Cansuc, Camboué
65POSETS3375m6-8-1856. Halket, Rendonnet et Barrau
66DIENTE LLARDANA3085m22-7-1913. Brulle
67PAVOTS3122m22-7-1885. Russell et P.Barrau
68BARDAMINA3079m7-7-1914. Brulle, Castagné et M.D'Estrux
69TUCA LLARDANETA3311m 
70GIAS3011m 
71CAMBOUE3043m 
72CLARABIDE3028m 
73GOURGS-BLANCS3128m1864. Bacillac et Passet
74SAINT-SAUD3003m 
75ARLAUD3065m1872. Russell et C.Passet
76GOURDON3034m 
77SPIJEOLES3066m1-8-1880. Russell et J.Brunet
78BELLOC3008m 
79SEHIL DE LA BAQUO3109m9-1858. Russell, Strafield et F.B.
80PORTILLON3044m31-7-1894. Brulle et C.Passet
81LITEROLA3132m1-8-1868. Russell et J.Haurillon
82ROYO3120m1-8-1863. Russell et J.Haurillon
83QUAYRAT3060m1879. H.Reboul et assistants
84LEZAT3102m1852. Lezat et camarades
85PERDIGUERO3222m1817. Parrot
86CABRIOULES3109m1852. Lezat et camarades
87MAUPAS3110m1825. Peytier et Hossard
88BOUM3006m9-1858. Lezat et Dr.Laubron
89ALBA3100m7-1868. Russell y J.Haurillon
90DIENTE DE ALBA3114m31-8-1882. Russell et Courrège
91MALADETA OR.3308m29-9-1877. Russell et C.Passet
92MALADETA OC.3178m25-8-1877. Parrot et P.Barrau
93MALDITO3350m3-8-1905. Le Bondidier,Sansuc,Camboué et Luquet
94PUNTA ASTORG3354m9-7-1901. D'Astorg,Brulle,C.Passet et B.Salles
95MEDIO3345m9-1858. Lezat
96CORONAS3310m1864. Russell et un porteur
97ANETO3404m10-7-1842. Franqueville et Tchihatcheff
98RUSSELL3100m1865. Russell et Packe
99MARGALIDA3258m29-7-1905. Le Bondidier et Sansuc
100ESPALDA DE ANETO3340mLes cincq frères Cadier
101TEMPESTADES3310m21-8-1877. Russell et C.Passet
102ARAGÜELLES3037m10-8-1880. Russell et F.Barrau
103LLOSAS Agujas de3004m24-7-1920. Arlaud et Sabadie
104LE BONDIDIER3150m24-8-1921. Arlaud,D'Espouy et Alba
105VALLIVIERNA3067m1864. Barrau,Packe et Barnes
106MULIERES3010m5-8-1879. Barrau,Russell et Caurrège
    
    
(C) SECTEUR ORIENTAL
    
SOMMETALTITUDEPREMIÈRE
107PUNTA ALTA3014m15-8-1880. Schrader et Passet
108PALA ALTA3001m 
109BIZIBERRI NORTE3014m7-8-1889. Sansuc,Spont et Barck
110BIZIBERRI SUR3030m25-8-1866. Packe et Deshwood
111COMOLO FORNO3030m25-7-1882. Brulle,Bacillac et Passet
112P.CELESTIN PASSET3002m25-7-1882. Brulle,Bacillac et Passet
113PICA ESTATS3143m1883. Gourdon et Courrège
114SOTLLO3073m 
115MONTCALM3074m1827. Corabeuf et Testu


Signalons pour clarifier :

Numéro 37, Tuca c'est la Punta de las Olas.
Numéro 46, Tour Neouvièlle veut signaler le Turon de Néouvielle.
Numéro 49, Lauseras c'est la Robiñera.
Numéro 59, Culfreda c'est le nom espagnol du Batoua.
Numéro 61, Bagüeñola c'est un des noms du Grand Pic d'Eriste.
Numéro 62, Tourets c'est le nom français du Pic de la Forqueta.
Numéro 108, Pala Alta c'est la Punta Alta du Serrader qui, dans le guide Pallars-Arán du CEC, œuvre d'Agustín Jolís et Maria Antonia Simó, est citée avec 3001 mètres d'altitude. Aujourd'hui elle est cotée 2983m.

FTer

vendredi 25 mai 2012

Les trois mille fantômes. Nudillo du Mont Perdu.

Entre le Cylindre du Marboré et le Mont Perdu se dresse une crête où les strates de la roche calcaire ont pris une position verticale. La paroi Est du Cylindre montre bien clairement le plissement brutal dont a pâti le rocher. Les couches successives qui apparaissent sur la crête ont supporté l'érosion de différente manière et quelques-unes ont formé le piton du Doigt. Entre celui-ci et le Cylindre certaines strates se sont maintenu élevées et composent deux petites proéminences écartées du Doigt par une brèche profonde de 14 mètres. Cette conformation se distingue très bien depuis le Piton SW du Cylindre, d’où on peut remarquer comment quelques strates sont érodées et d'autres non en formant une sorte de gâteau feuilleté. Une corniche qui suit l’une de ces strates unit par le côté Sud le col du Cylindre à la brèche entre Nudillo et Doigt, elle est praticable sur toute sa longueur.

Nudillo et Doigt du Mont Perdu depuis le Piton SW du Cylindre. (Auteur: Martín Garmendia)


Les premiers parcours de la crête entre le col du Cylindre et le sommet du Mont Perdu ont une histoire curieuse. On peut en lire le récit dans l'œuvre toute récente d'Alain Bourneton : « Gavarnie. Histoire d'un grand site ». Éditions Le pas d'oiseau, Toulouse, 2010.

À Gavarnie, un des problèmes de l'époque consistait à raccourcir l'itinéraire du Mont Perdu, qui était la course la plus demandée. En effet, à partir du village on se servait de deux voies : par la Brèche de Roland, en parcourant tout le versant Sud des Marborés, en dormant aux cabanes de Goriz ; ou en passant par la Brèche de Tuquerouye pour monter au col du Cylindre et par le couloir NW parvenir au sommet. D'ordinaire, les deux chemins se combinaient : la montée par Tuquerouye et le retour par la Brèche de Roland.

Sur la carte, l'accès le plus direct impliquait de passer par les Rochers Blancs. Il semble que ce parcours fut découvert par Laurent Passet, qui proposa en 1861 à Russell de réaliser cette première, selon Beraldi. Bien que l’on ait des doutes sur l'année qui pourrait être 1858, le 13 septembre comme c’est écrit dans le registre de l'Hôtel des Voyageurs.

En résumé, la course se fit en atteignant le col d'Astazou directement depuis Gavarnie. De là ils passèrent sur le glacier du col du Cylindre et poursuivirent par la crête. Ils durent forcément traverser le Nudillo, descendre à la brèche précédant le Doigt, longer ce dernier par les corniches existantes du côté Nord, et enfin, parvenir sur la cime par la partie supérieure du couloir NW.

Mais ce qui n'était pas rare à l'époque, Laurent Passet aurait vendu cette première trois fois, selon Bourneton dans son livre.

Quelqu'un nommé Armengaud décrit cette course dans un livre publié en 1861 : « Escapades d'un homme sérieux », E. Dentu, París. Il offre assez de détails qui rendent crédible son ascension, et donc a pu devancer celle de Russell. Voici un extrait de son récit où il décrit la crête au-dessus du col du Cylindre : « Entre le Cylindre et le Mont Perdu se trouve une arête formidable que l'on peut comparer à un immense coutelas, ou plutôt au cou d'un cheval monstre, hérissé d'une effroyable crinière. Du côté du premier mont, l'inclinaison est très douce, et l'on peut y poser le pied sans crainte. Mais on se trouve bientôt devant une forêt de dents aiguës, sur lesquelles il faut tour à tour marcher, gravir et ramper avec beaucoup de prudence, sous peine de perdre l'équilibre et d'aller gesticuler en Espagne. À nos pieds du côté nord, commencent à se dérouler des nappes de neiges éternelles, qui se transforment bientôt en immenses gradins d'une glace qui est la plus belle des Pyrénées [...]. Nous aboutîmes à une console de trois décimètres de largeur. Du sang-froid ! car il faut poursuivre sans que la main trouve où s'accrocher ! Autour de nous une ceinture de gouffres, où il faut se garder de plonger l'œil trop complaisamment, car le vertige est fatal ! [...] ».

Et dans une rarissime plaquette intitulée "Le Marboré et le Mont Perdu - Juillet 1861" M. Fournier, notaire de Bordeaux, rédige le récit d'une autre de ces premières : « Le 25 juillet, accompagné de Laurent Passet et de Fortané, je quittai l'auberge de Gavarnie à trois heures du matin... ».

Quoi qu'il en soit, cette cote n'est même pas comprise dans la liste de cotes restantes de Buyse, ni n’est citée par Angulo, Alejos ni Capdevila. C'est vrai qu'elle est très peu visible, car de presque tous ses alentours, la crête semble se dérouler sans discontinuer jusqu'à culminer dans le Doigt du Mont Perdu.

Le 13 avril 2011, Martín Garmendia explorait la crête, avec d'autres aiguilles dans le versant Est du Cylindre, trouvant une altitude pour la cote du Nudillo de 3176,1 mètres, et dans la brèche qui le relie au Doigt de 3160,9 mètres. Donc une proéminence de 15,2 mètres. L'altitude de cette cote-ci notée dans la cartographie du Servicio de Información Territorial de Aragón (SITAR) est 3174,05m. La cote 3174 est aussi signalée dans la feuille 146-IV Monte Perdido de la Carte Topographique Nationale d'Espagne au 1/25000, 2ème édition, 2006.

Le nom de Nudillo du Mont Perdu est inspiré par sa forme et son emplacement près du Doigt du Mont Perdu. Le mot "nudillo" est en espagnol la jointure des doigts de la main.

Crête entre le col du Cylindre et Mont Perdu vue du versant Est du Cylindre. (Auteur: Martín Garmendia)


Données techniques :

Brèche Nudillo-Doigt ......... 31T x:256842 y:4729687 z:3160,9m
Nudillo du Mont Perdu.... 31T x:256811 y:4729751 z:3176,1m

Consultez l'activité dans le lien suivant :
Nudillo du Mont Perdu.

FTer