mardi 24 janvier 2012

Les trois mille fantômes. Crabounouse Nord.

À l'ombre du Pic Long, versant Nord, se trouve le lac Tourrat (gelé en patois). Jusqu'au milieu du siècle dernier, les glaçons détachés du glacier nord quasiment disparu aujourd'hui, fendaient ses eaux d'un vert pâle particulier. Son emplacement dans l'un des endroits les plus ignorés des Pyrénées explique qu'il fut fréquenté tardivement. Effectivement, au milieu d'un cirque de cimes dépassant les 3000 mètres, son accès naturel depuis Pragnères, par la vallée de Barrada, est défendu par les ressauts difficilement praticables du cirque d'Érès Lits et la gorge de Marraut, les portes d'entrée les plus courantes étant le col de Pierrefitte abordable depuis le village de Villenave au dessus de Luz, le col Rabiet depuis Barèges, où se trouve le refuge ouvert Packe restauré (le deuxième des Pyrénées en ancienneté après le refuge de Tuquerouye et comme lui, œuvre de Lourde-Rocheblave) et la Hourquette de Bugarret depuis Cap de Long.

Un grand relief granitique sans hautes cimes ferme le bassin à l'Ouest du Lac Tourrat. L'endroit se nomme Crabounouse et forme trois buttes qui se dépassent à peine l'une de l'autre. La plus élevée, la Pale de Crabounouse, donne naissance à une crête considérable qui part à l'Ouest, offrant les pics délaissés de l'Espade et d'Estragna. Au Nord, la croupe granitique s'abaisse doucement jusqu'aux alentours du lac Rabiet et porte le nom de Crête de Crabounouse. Le versant Ouest de cette croupe est très escarpé, il y existe un itinéraire totalement oublié qui atteint le sommet depuis le cirque de Érès Lits, en suivant le parcours sauvage du ravin et du lac de Crabounouse.

Le mot Crabounouse, aussi Carbounouse, semble se rapporter aux rochers carbonifères gris-bleuté qui se trouvent sur le versant Sud Ouest. Du latin "carbon", en gascon "crabou" (Robert Aymard. Toponymie des trois mille).

L'isolement de la zone justifie que sa conquête soit relativement tardive. Malgré sa parution déjà dans la carte d’État-Major et sa citation par Russell en 1868, elle ne sera foulée, avec ses voisins Bugarret et Dent d'Estibère Male, que le 13 août 1890 par Brulle et De Monts, guidés par Célestin Passet et Bernat-Salles. Brulle fait une mention express des cinq pointes trouvées.

La cime nord du trio, cote restante 1045 de Buyse, remplit les prémisses établies, présentant une petite brèche avec la cime principale. Luis Alejos la signale comme antécime de la pale de Crabounouse. Miquel Capdevila et Hipólito Maeso la citent aussi, s'écartant tous les deux légèrement de leur parcours pour fouler la cime nord.

Pale de Crabounouse et Crabounouse Nord depuis la crête Ouest du Pic Long (Auteur : Joseba Calzada)


Le 27 juillet 2008, Joseba Calzada et Agustín Bakaikoa parcourent les cimes de Crabounouse et Bugarret. Sa mesure dans la brèche qui relie la cime centrale et la nord montre une proéminence de onze mètres pour celle-ci.

Track des pointes du Crabounouse (Auteur : Joseba Calzada)


Données techniques :

Crabounouse Nord........ 31T x:262098 y:4743396 z:3021,5m
Brèche......................... 31T x:262049 y:4743336 z:3010,5m
Pale de Crabounouse.... 31T x:261976 y:4743272 z:3028m

Consultez l'activité dans le lien suivant :
Crabounouse Nord.

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