mardi 17 avril 2012

Liste des trois mille de Salvador Morales (1973).

Suivant la tradition aragonaise, Salvador Morales limite sa liste des trois mille à ce territoire. Le "Club des trois mille" naissant, qui motivait Lorenzo Almarza depuis 1932, n'envisage pas encore la Chaîne dans son ensemble. Salvador Morales mentionne que sa liste est établie d’après sa recherche sur le terrain. Nous observons que, dans un cas, il s'est servi des cartes d'Editorial Alpina qui commencent à paraître en 1946. La première carte Alpina comprenant des zones avec des trois mille fut celle de "La Maladeta-Aneto", édition 1958. Il se glisse dans la liste quelques erreurs toponymiques ou de compréhension de noms français, ainsi que d'altitudes.

La liste fut publiée en 1973 dans le "Boletín de Montañeros de Aragón" nº 22, club dont Morales était membre, avec le titre : 92 "tres miles" aragoneses. Les montagnes mentionnées sont, pour la première fois, regroupées par massifs ou vallées dans un ordre Ouest-Est suivant l'usage concerté de l'écriture/lecture dans la représentation cartographique du territoire.

Nous reproduisons strictement la liste de Salvador Morales ci-dessous et annotons le plus remarquable.

PIEDRAFITA
Moros (Balaitus)3150m(1)
Frondella3006m
Faja (Gran Fache)3013m
Infierno Occidental3076m
Infierno Central3090m
Infierno Oriental3065m

PANTICOSA
Argualas3041m
La Bandera3021m(2)
Garmo Negro3051m
Arnales3006m

VIGNEMALE
Vignemal (Long Pic)3303m(3)
Clot de Hount3298m
Cerbillona3247m
Central3235m
Montferrat3220m
Tapou3148m

ORDESA-PINETA
Gabietou3031m
Taillón3141m
Casco3006m
Torre de Marboré3012m
Espalda de Marboré3077m
Cascada Occidental3099m
Cascada Central3029m
Cascada Oriental3088m
Marboré3253m
Astazu3080m
Pequeño Astazu3024m
Cilindro3328m
Monte Perdido3355m
Soum de Ramond3254m

BARROSA
Trumouse3086m
Sierra Morena3090m
Munia3134m
Robiñera3006m

BALINA
Batoa3035m
Ledormeur3120m
Batchimale3029m(4)
Bachimala3177m
Punta Sable3143m

POSETS
Gemelo Norte3125m
Gemelo Sur3160m(5)
Posets (Llardana)3375m
Espadas (Lardaneta)3332m
Tucón Royo3121m
Tucón de la Canal3085m(6)
Forqueta (Turets)3007m
Bardamina3079m

Eristes o Bagüeñolas
Norte (Beraldi)3025m
Central (Eriste)3053m
Sur3045m

ESTÓS
Claravide3028m
Gias3011m
Rochneblave3104m
Gorgas Blancas3129m
Oô (Arlaud)3065m
Seil de la Baquo3114m
Cap de la Baquo3106m
Pico Portillón de Oö3050m
Perdiguero3221m
Hito del Perdiguero3170m
Royo3136m
Literola3132m
Gabrioules Occidental3106m
Gabrioules Oriental3116m
Aguja3025m(7)
Maupas3109m
Boum3004m

BENASQUE
Alba3118m
Diente de Alba3136m
Maladeta Occ. pico 3º3195m
Maladeta Occ. pico 2º3220m
Maladeta Occ. pico 1º3308m(8)
Maladeta Oriental3308m
Maldito3350m
Astorg3354m
Medio3345m
Coronas3310m
Aneto3404m
Espalda del Aneto3350m
Aragüelles3037m
Bondidier3000m
Piedras Albas3000m(9)
Gregüeña3002m
Valliberna Occidental3062m
Valliberna Oriental3067m
Aguja Frankeville3066m
Aguja Tchinchef3048m
Aguja Argarot3030m
Tempestades3290m
Margalida3241m
Mulleres3010m


(1) Salvador Morales utilise le mot Moros pour dénommer le Balaïtous. C’est une appellation exclusive au sud de la frontière. Les études d'Alberto Martínez Embid signalent que le nom provient du proche Pic Palas, anciennement nommé Castet deus Mourrous en France. Il semble que l'échange de dénomination est dû à l’ingénieur Lucas Mallada dans son œuvre "Memorias de la Comisión del Mapa Geológico de España" (1878). Ultérieurement il réapparaît dans un écrit de Juli Soler i Santaló sur le val de Tena en 1911. Plus tard dans la revue Peñalara en 1934. La première édition de la feuille Panticosa de la carte Alpina, où il figure aussi comme Pico Moros, est plus tardive que la liste de Morales puisqu’elle date de 1979. Une étude exhaustive du toponyme Moros, où les sources sont signalées, est donnée dans l'œuvre de Marta Iturralde "Mitología del Balaitús", Editorial Barrabés, Zaragoza, 2005. Pages 43-50.

(2) Il veut dire Pico Algas. Néanmoins le nom La Bandera est utilisé à tort, étant donné que le jour de fête de la Vierge du Carmen, 16 juillet, on montait un drapeau sur un sommet visible des bains de Panticosa. Or le faîte de l’Algas n'est pas visible de là. La cime la plus évidente depuis les bains est l'Argualas, mais la plus facile à atteindre est le Garmo Negro. Dans le livre de Buyse "Les trois mille des Pyrénées" on cite les paroles de José Ignacio López sur cette coutume, notant que le pic ascensionné était l'Argualas ; or les Français appelaient Arollas ou Argalas le Garmo Negro.

(3) Erreur typique dans l'usage de Pic Long pour dénommer la Pique Longue.

(4) Ici Batchimale vient désigner le Pic de l’Abeillé. La cartographie ancienne abonde dans l'usage du nom Batchimale pour signaler le 3000 septentrional de la crête, l'Abeillé. Le sommet dominant, le Grand Batchimale ou Pic Schrader, recevait à tort le nom de Pic Pétard. Carte de Franz Schrader Pyrénées Centrales, Feuille 2 : Posets Mts. Maudits. Erhard imprimeur, 1892. Aussi dans le Guide Soubiron (1931).

(5) Nom traditionnel des deux pointes des Gemelos (Jumeaux), Nord et Sud, et de plus avec leurs vraies altitudes. Les anciens Pics de la Montañeta, nommés ensuite Ledormeur, semblaient avoir trouvé un nom définitif... jusqu'à la venue de Buyse.

(6) C'est la Dent de Llardana, aussi nommée Tucón de la Canal. Henri Brulle, à l'occasion de la première ascension en juillet 1913 l’a baptisée Grande Dent.

(7) C'est l'aiguille dans la crête Est du Crabioules Oriental, aujourd'hui dénommée Aiguille Jean Garnier. Nom pris avec certitude dans la cartographie d'Editorial Alpina, car le mot Aiguille figure déjà à l'Est des Crabioules dans la première édition de la carte "Alto valle del Ésera II - Posets" publiée en 1960. L’appellation provient de Buyse : Jean Garnier décéda en 1988, et le nom de baptême apparaît dans la liste du premier livre de Buyse en 1990. Aucune aiguille ne figure dans la liste publiée dans la revue Pyrénées en 1988.

(8) Les altitudes des trois Pics Occidentaux de la Maladetta sont erronées.

(9) Le pic de Piedras Albas, voisin du Pic Aragüells, figura longtemps dans la cartographie avec 3000 mètres d'altitude. Pic nº 3 d'Estatas avec 3010m dans la carte esquisse "Les Monts Maudits" de Léon Maury en 1945. Et dans la première édition de la carte Alpina "Alto valle del Ésera I - La Maladeta" en 1958 il est répertorié avec 3000m d'altitude. Aujourd'hui son altitude est 2993m.

FTer