mercredi 20 mai 2015

Les trois mille fantômes. Antécime Nord du Pic Le Bondidier.

Du second Pic Occidental de la Maladeta, nommé Pic Sayó par Feliu Izard dans sa liste de 1985, se dessine, au Sud, un contrefort relié à la crête principale de la Maladeta par le col Cordier. Il forme une crête qui présente deux pointes, la principale étant la pointe Sud. Son versant méridional va mourir sur le lac de Cregüeña.

En août 1921, les alpinistes du Groupe des Jeunes font une incursion dans les massifs des Posets et de la Maladeta. Un des buts était d'accompagner Pierre Soubiron depuis la Rencluse pour le baptême de son pic. La cérémonie se faisait dans son déroulement en arrosant le sommet de vin rancio le 23 de ce mois. Le retour a lieu par le Sud du massif, en couchant dans la cabane de la Ribereta à Vallibierna. Au lever du jour les cimes sont nuageuses. La caravane traverse le col de Cregüeña sous la menace du mauvais temps. Aux abords du lac de Cregüeña le projet d'atteindre le col Maudit est abandonné. La caravane se disperse : Soubiron, Bousquet et Rousian décident d'atteindre la brèche d'Albe. Arlaud, renseigné par Louis Le Bondidier, comprend qu'il est au pied du "dernier 3000 vierge" (après on en trouvera d'autres). Il convainct Raymond d'Espouy et Jean Alba d'essayer de le gravir. Dans la brume, en grimpant des cheminées glacées, ils parcourent la crête Sud et à 11 heures atteignent le sommet. Ils poursuivent jusqu'au col Cordier où Bousquet, à demi-gelé, attend leur arrivée. Après des difficultés pour trouver la brèche supérieure d'Albe à cause du brouillard, ils sont à la Rencluse à 14 H 40.

Le 17 juillet 1922, Jean Arlaud, Raymond d'Espouy et Jean Maigné retournent au sommet, où ils rédigent le procès-verbal du baptême : Pic Le Bondidier [Carnets de Jean Arlaud, 1913-1927. Tome I. Toulouse, 1965]. Certes, la Commission de Toponymie et de Topographie, en session à Pau le 12 mars 1922, après enquête auprès de la Société Peñalara, donne ce nom au pic jusqu'alors innommé. Mais surprenant, à cette même session, on accepte la motion de ne pas donner à quelque pic que ce soit, le nom d'un alpiniste vivant [Bulletin Pyrénéen nº160, III de 1922, pp.370-374]. Louis Le Bondidier décédait en 1945.


Photographie jointe dans le récit des Carnets de Jean Arlaud, juillet 1922.


Récemment, les études toponymiques sur les Pyrénées Aragonaises depuis l'an 2000, signalent pour ce pic le nom de Morrón de Cregüeña ou de las Maladetas.

Entre le col Cordier et la cime principale se dresse une antécime, cataloguée par Buyse comme cote restante 1081 avec une altitude de 3149m selon Henri Baudrimont. Luis Alejos la cite comme Première Cote de Le Bondidier dans son livre [Pirineos, guía de los 3000. Bilbao, Editorial Sua, 2005]. Elle figure aussi, sans nom et 3146m dans l'œuvre de Miguel Angulo [Pirineos, 1000 ascensiones. Tomo IV. Donostia, Elkarlanean, 1998]. Le SITAR établit une proéminence de 11,42m vers le pic Le Bondidier. Le 19 juillet 2014, Fidel Sáez de Heredia et Luis Mata visitaient le lieu en mesurant une proéminence de 12m. À la vue de ces deux confirmations, on peut accepter, bien que très approximative, cette Antécime Nord du Pic Le Bondidier comme un trois mille secondaire.


Versant Est du Morrón de Cregüeña. Auteur : Luis Mata.


Consulter l'itinéraire sur le lien suivant : Antécime Nord du Pic Le Bondidier.

Données techniques:
Le Bondidier Nord:         3156m
Brèche entre Le Bondidier: 3144m
Pic Le Bondidier:          3159m

FTer