lundi 24 septembre 2012

Les trois mille fantômes. Antécime NE. de la Maladeta.

Vue du Portillon de Benasque, la Maladeta semble le sommet le plus élevé des Monts Maudits. L'Aneto, au second plan, ne montre pas sa proéminence. La haute vallée de l'Ésera fut le théâtre, au cours de la Guerre de Succession de la Couronne Espagnole, d'opérations et de combats entre les armées de l’Archiduc et de Philippe V. On dit que le Port de la Picade tire son nom d'une escarmouche livrée là. On n'est pas étonné que le massif soit représenté, depuis les débuts de la cartographie, dans la carte de Roussel et de La Blottière et sa légende, publiée en 1730. Raymond d'Espouy signale dans un article du Bulletin de la Société Ramond en 1940, que le dessin de la Maladeta dans cette carte fut dressé de ce lieu même par La Blottière [Jean Escudier. L'Aneto et ses hommes].

Il faut signaler que le nom Maladeta, que Ramond popularise comme maudite en écrivant "Maladetta" et, en mélangeant italien et castillan, veut seulement dire dans la langue du pays: la montagne.

Aux débuts du pyrénéisme et jusqu'à ce que, en 1820, on ne peut douter davantage de la suprématie de l'Aneto, tous les regards se tournent vers la Maladeta et on tentera la conquête du sommet. La première et timide tentative vient de Ramond, qui, en 1787, accédant par la vallée de Paderna, parcourt la base des glaciers d'Alba et les branches occidentale et orientale de la Maladeta. En montant par ce dernier, seul, abandonné par ses guides, il atteint, immergé dans le brouillard, une crête que son récit ne permet pas d’identifier, mais qui aurait bien pu être la crête des Portillones.

La tentative suivante fut inspirée par Lapeyrouse. Brouillé avec Ramond, il propose à son ami Ferrière de surpasser l'Alsacien en conquérant la Maladeta. En 1800, Ferrière et son guide Barrau atteignent un point sur la crête des Portillones et, ne pouvant pas continuer, font demi-tour.

En 1802 Cordier et Bruun-Neergaard, renseignés par Ferrière, tentent la cime. À nouveau, Barrau est du raid. Et à nouveau ils suivent la crête des Portillones. Cordier est plus explicite, il nous relate qu’ils vont trouver un mauvais pas qui, sur 200 mètres, leur demande une demi-heure d'efforts, suspendus aux rochers, aussi bien d'un côté que de l'autre de la crête. Ils arrivent à l’endroit où Ferrière avait fait demi-tour et ils ne peuvent pas non plus surmonter l'obstacle. Bruun-Neergaard se retire, mais Cordier et Barrau réussissent à descendre sur le glacier de la Maladeta et, en le suivant, atteignent le col de la Rimaye, où ils ne peuvent plus progresser. Le lieu atteint est connu comme le rocher des "Deux Hommes". Malgré l'échec, Barrau doit avoir vu une possibilité, puisqu’il atteindra la cime à sa tentative suivante.

D'autres expéditions, menées par Candolle, Jean de Charpentier et De Marsac, ne semblent pas avoir remporté de meilleurs résultats [Alberto Martínez Embid. Aneto, el monarca del Pirineo].

Des années se sont écoulées quand Frédéric Parrot requiert les compétences de Barrau pour une autre tentative à la Maladeta. Montant tout droit par le glacier, ils atteignent les Deux Hommes et, dépassant l'obstacle au moyen d'un appui sur les épaules, ils parviennent au point culminant. C’est le 28 septembre 1817. Du sommet Parrot remarque la supériorité de l'Aneto et regrette de ne pas pouvoir y accéder. Son nom se perpétue au Parrotspitze, remémorant une tentative de l'Allemand au Monte Rosa.

Le Bondidier fit une proposition, qui échoua, de donner le nom de Pic Parrot au Premier Pic Occidental de la Maladeta (Pic Cordier) et le nom de Pic Charpentier au Second (Pic Sayó) [Bulletin Pyrénéen, 1947. p.84].

Entre les deux voies normales de la Maladeta se trouve la crête des Portillons qui descend depuis la cime jusqu'au Portillon Supérieur en formant quelques pointes. La voie des premières tentatives est aujourd'hui rarement suivie. On dit en tous lieux que la première est l’œuvre de Frédéric Lung avec Castagné et Courrége le 9 août 1911 [CEC. Guide Posets-Maladeta, 1968]. Mais dans les carnets d'Emili Juncadella, qui faisait cette ascension le 24 août 1912 avec Jean Haurillon et José Sayó, on révèle que ceux-là ne parcoururent pas la crête dans sa totalité, car ils abordèrent la deuxième aiguille par le glacier de la Maladeta, et après l’avoir gravie ils revinrent à la neige, en longeant la paroi finale [David Vilaseca Basco. Emili Juncadella. Aventures d'un burgès als Pirineus. Cossetania, Valls, 2004].

Crête des Portillones à la Maladeta depuis le pluviomètre. (Auteur: Luis Mata)

Buyse dans sa liste de cotes restantes signale deux cotes dans cette crête : la 1090 de 3038m et la 1091 de 3235m, cette dernière nommée Antécime NE de la Maladeta. Luis Mata parcourait la crête en prenant des mesures le 21 juillet 2012. La première des pointes a huit mètres de proéminence. La deuxième, l’Antécime NE de la Maladeta, offre une proéminence vers la cime principale de onze mètres. Il y a deux autres pointes plus hautes, mais avec trois ou quatre petits mètres de proéminence.

Maladeta et Antécime NE. depuis la base du Pic Pico Maldito. (Auteur: Luis Mata)

Le SITAR signale une altitude de 3234,87m pour cette antécime avec une proéminence de 13,25m. Celle-ci est citée dans l'œuvre d'Angulo "Pyrénées. 1000 ascensions" avec 3230m et innommée.

Données techniques : Antécime NE de la Maladeta ......... 31T 306716 4724368 z:3248m
Brèche de la Antécime .............. 31T 306663 4724335 z:3237m

Consultez l'activité dans le lien suivant :
Antécime NE. de la Maladeta.

FTer

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