Les trois mille fantômes. Aiguille Sud Ouest du pic Abadías.
Le versant sud de la Maladeta domine le vallon de Cregüeña, surplombant de 800 mètres le lac homonyme. Du sommet de la Maladeta la crête des Monts Maudits s'oriente au Sud jusqu'à une paire d'antécimes avoisinant le Col Maudit. Ces proéminences cotent 3279m et 3259m. La plus haute, nommée traditionnellement Cime Sud de la Maladeta, recevait de Buyse le nom de pic Abadías, en mémoire d’Antonio Abadías originaire de Benasque, surnommé "le lion d'Aneto". Il était le gendre de José Sayó " Pepe el de Llausia ", lui aussi benasquais, qui aurait été le gardien du refuge de la Renclusa à partir de son inauguration prévue le 5 août 1916. Mais la mort l'emportait le 27 juillet, foudroyé sur le Pont de Mahomet, tout comme son client l'allemand Adolf Blass. Voir le récit du fait écrit par Mosén Oliveras, témoin oculaire, dans son livre "Els llamps de la Maleïda" [Gili, Barcelona, 1917; Cossetania, Valls, 2003]. Donc Antonio Abadías, marié avec Teresa Sayó, fut le premier gardien de la Renclusa après son inauguration reportée en 1917 à cause du drame arrivé.
De l'antécime la plus basse, qui est restée sans nom étant donné son manque de proéminence (cote restante 1093 de Buyse), se détache au Sud-Ouest un éperon très important, qui forme dans son côté Sud-Est la grande paroi connue comme Paroi du Pic Abadías ou Paroi du Contrefort de la Maladeta. Elle est composée par trois éperons et offre, paroles de connaisseurs, le meilleur granit de tout le massif [Dalmau, Joan Miquel. "3404 Aneto", Barrabés, 2001].
À l'extrémité la plus occidentale du dit éperon, il y a une aiguille entièrement détachée du reste du contrefort. Aiguille qui reste ignorée dans les guides d'escalade publiés, elle n’est pas répertoriée non plus parmi les cotes restantes de Buyse. Une vague référence sur elle figure dans le Guide Posets-Maladeta du C.E.C. œuvre d'Armengaud et Jolís : L'itinéraire nº 332, qui monte à la Maladeta, esquive un gros gendarme par la droite [André Armengaud le 3 août 1954]. Ce gendarme est l'Aiguille. Une autre voie toute proche fut ouverte par Dulloit et Gallego en juillet 1972 dans la face Sud-Ouest de la Maladeta, mais ils ne font aucune référence à l'Aiguille [Revue Annuelle du Groupe Pyrénéiste d'Haute Montagne, Altitude nº 49, p.29].
Jesús Mari et Josu se décidèrent à reconnaître l'Aiguille les 12 et 13 août 2012. Ils partirent du refuge de pêcheurs à Coronas pour aller bivouaquer au lac de Cregüeña. Le lendemain ils gravirent l'Aiguille. Pour prolonger l'escalade ils s'engagèrent dans la face Sud-Ouest, et terminèrent par deux longueurs de corde de V+ pour accéder à la hourque de l'Aiguille traversant horizontalement le côté Nord. Jusqu'à cette fourche l'accès direct est aussi possible en utilisant un des couloirs dans le versant Nord-Ouest (III). La longueur suivante débute au col par un passage de V, étant par la suite du IV soutenu. Ils trouvèrent un piton avec une sangle pourrie à 10 mètres sous la cime. Restent en place un piton dans le passage des blocs sommitaux et deux cordelettes avec maillon au sommet pour le rappel.
À la recherche de notes d'ascensions antérieures, nous avons demandé aux connaisseurs de la zone. Personne n’a pu nous renseigner jusqu'à une communication reçue depuis Hernani : Iñaki Zuza nous signalait l'ascension de l'Aiguille par A. Gorrotxategi et Iñaki Ruiz en septembre 1985, et que le matériau trouvé était à eux. Gorrotxategi le confirma. C’est probablement la première ascension attestée de l'Aiguille.
L'Aiguille Sud-Ouest d'Abadías a une proéminence de 22 mètres, ce qui fait d'elle le plus important des trois mille fantômes que nous ayons trouvé à cette date.
Données techniques :
Aiguille SW d'Abadías:.... 31T 306361 4723946 z:3085
Hourque:................... 31T 306372 4723956 z:3063
Consultez l'activité dans le lien suivant :
Aiguille SW. d'Abadías.
FTer
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire