vendredi 3 juin 2011

Les trois mille de la liste de Chausenque (1854).

Vincent de Chausenque (1782-1869), dans la première moitié du XIXème, influencé par Ramond, accomplit une exploration méthodique des Pyrénées françaises de mer à mer, avec quelques incursions en territoire espagnol quand c'était permis par le hasard des guerres successives. En 1824, dans une tentative au Vignemale, il atteint la Pointe qui, aujourd'hui porte son nom, par la crête depuis le Petit Vignemale, ce qui n'est pas une ascension insignifiante. Ayant faite le plus difficile, ils n'osèrent pas passer à la Pique Longue, par crainte de fouler la glace. Les glaciers, alors inspiraient un profond respect. Première du Néouvielle en 1847.

En 1834, il publie une longue œuvre sur la totalité des Pyrénées. Il fait une actualisation en 1854 dans deux tomes, intitulée : "Les Pyrénées ou voyages pédestres dans toutes les Régions de ces montagnes depuis l'Océan jusqu'à la Méditerranée". Les livres originels peuvent être consultés dans la page web de la Bibliothèque Nationale Française [Tome I.] et [Tome II.].

C'est un fait que Chausenque n'établit aucune liste de trois mille, mais dans les annexes de son livre figure une liste non exhaustive d'altitudes, comprenant villages, cols et sommets. Il y a un nombre considérable de cimes, et parmi celles-ci se détachent quelques trois mille. Une caractéristique est que les altitudes sont exprimées en mètres et en toises et qu'y figure l'auteur de la mesure. C'est par conséquent une compilation magnifique des travaux faits antérieurement par différents spécialistes.

Dans le cas hypothétique où quelqu'un se fût intéressé aux trois mille à l'époque, il n'y a pas de doute qu'il aurait tiré ses objectifs de ce rapport-ci. Relation, d'autre part, qui nous offre une vision très claire de l'état de connaissance des altitudes maximales de la Chaîne au milieu du XIXème siècle, soulignant par ses lacunes tout ce qui restait encore à explorer.

Dans la relation de sommets que l'on trouve en continuant, les altitudes précises obtenues par Peytier appellent l'attention. Le professionnalisme se manifeste là dans le travail géodésique qui sera la base pour l'élaboration de la carte de l'État Major français en la seconde moitié du siècle. Chausenque s'en fait l'écho, remarquant comme mesures les plus exactes celles obtenues par le colonel Corabœuf, le capitaine Peytier et les lieutenants Testu et Hossard, bien qu'il inscrive aussi les altitudes obtenues par d'autres.

Voyons donc quelles étaient les cimes de trois mille mètres recensées vers 1850. Nous reproduisons les entrées du tableau de Chausenque (pages 326 à 332 du deuxième tome) tels qu'il les écrit, en notant les altitudes en mètres et en toises et avec quelque commentaire pour éclairer quelques uns des noms exposés.

Le Mont-Calm3030m1580tCorabœuf 
 3157m1620tReboul 
Pique d'Estats3141m1612tCorabœuf 
 3251m1668tReboul 
Pique Fourcanade ou Maïl d'Espouïs2882m1479tPeytier 
 3058m1569tReboul 
Crête de la Maladette à l'ouest des Pics3171m1627tCharpentierSe rapporte à l'un des Pics Occidentaux de la Maladetta
Pic Occidental, glacier3312m1699tPeytierC'est le Pic de la Maladetta
Pic de Malahitta, glacier3354m1721tPeytierC'est le Pic Maudit
 3483m1787tReboul 
Pic Oriental de Néthou, point culminant3404m1780tPeytier 
 3580m1837tReboul 
 3370m1729tTchihatchef 
Pic de Carbious, vallée de Lys, glacier3177m1630tReboulPic des Crabioules
Tuc de Maupas, glacier3110m1595tPeytier 
 3148m1615tReboul 
Pic Quartau, glacier3143m1613tPeytierC'est le Gourgs-Blancs
Pic Quayrat, glacier3059m1569tPeytier 
 3089m1585tReboul 
Pic Posets ou Pic Poleto, Val d'Astos, glacier3367m1728tPeytier 
 3438m1764tVidal et Reboul 
Perdighero, montagne3220m1652tPeytier 
Pic Pétard3177m1630tPeytierC'est le Grand Batchimale ou Pic Schrader
Pic de Hermitans entre le val de l'Asto et Louron3029m1554tVidal et ReboulMême si le Hermitans a été utilisé aussi pour les Gourgs-Blancs, ici il semble désigner la Pic de Clarabide
Pic de Thou3023m1551tPeytierLe Lustou
Pic de Batoa ou de Biedous, Punta de Souelsa3034m1557tPeytierPic de Batoua. Curieusement la Pointe Suelza est confondue avec ce pic
 3052m1566tVidal et Reboul 
Le Mont-Perdu, glacier3351m1719tPeytier 
 3436m1763tRamond 
Le Cylindre, glacier3322m1704tPeytier 
 3333m1710tRamond 
Pic de la Cascade ou extrémité de la Plateforme, glacier3276m1681tRamondSe rapporte au Pic de Marboré
Le Taillon, glacier3146m1614tPeytier 
 3214m1649tVidal et Reboul 
Montagne de Troumouse, glacier3086m1583tPeytierPeytier se base sur l'actuel pic de Troumouse, point géodésique. Il est possible que Vidal et Reboul désignent le point le plus élevé, La Munia
 3200m1642tVidal et Reboul 
Cambielle, montagne, glacier3174m1628tPeytierPic de Campbieil
 3235m1660tVidal et Reboul
Pic Long, glacier3192m1638tPeytier 
 3251m1668tVidal et Reboul 
Neouvieille, montagne, glacier3091m1586tPeytier 
 3155m1619tVidal et Reboul 
Vignemale, montagne, glacier3298m1692tPeytier 
 3356m1722tVidal et Reboul 
Pic de Badescure ou Costerillou, glacier3148m1615tVidal et ReboulC'est le Balaïtous
Pic de Baretous, glacier3146m1613tPeytierOu Balaïtous. Peytier et Hossard réussirent la première ascension en 1825, en faisant station l'année suivante
Pic d'Arriengrand3003m1541tVidal et ReboulC'est le Pic de Palas
Som de Séoube, montagne3132m1607tJunkerDe nouveau le Balaïtous, mais ici mesuré en 1790
 


Nous remarquons que Chausenque signale comme sommets distincts les différents noms attribués au Balaïtous. Ici on pourrait citer la relation qu'offre Beraldi sur les trente six noms de cette montagne. Il n'est pas étonnant que la confusion ait régné à ce sujet, nous l'avons trouvée dans des listes très postérieures (voir la liste de la UEC). Les altitudes obtenues par Vidal et Reboul, presque toujours par excès, sont dues à une erreur commise dans un fait initial à Tarbes.

FTer

Aucun commentaire: